Page 8 - Rebelle-Santé n° 212 - Extrait "Le scandale de la Dépakine"
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CUSLOTCUIRÉTEÉ
Comment expliquez-vous, dans le cas de la Dépakine®, cette volonté de dissimuler les risques de la part de Sanofi ?
Il y a un médicament à vendre, un marché. La molé- cule active de la Dépakine® est le valproate de so- dium.
Le problème de l’industrie pharmaceutique en général est que les laboratoires contrôlent toute la chaîne de A à Z en fonction d’intérêts qui sont souvent très éloi- gnés des questions de santé. Ils décident sur quel mé- dicament ils travaillent. Ils font eux-mêmes les essais cliniques, car ils sont les seuls à en avoir les moyens financiers, et les présentent aux organismes de santé publique comme l’ANSM, par exemple, qui donne l’autorisation de mise sur le marché, encore facilitée par les ATU (Autorisation temporaire d’utilisation). Ils décident de la production et de la commercialisation. Lorsque l’OMS a demandé aux laboratoires de mettre au point de nouveaux antibiotiques, Sanofi a répondu n’avoir pas les moyens budgétaires pour le faire, alors qu’ils consacrent chaque année quelque six milliards
à la rémunération de leurs actionnaires. La recherche sur les anti-infectieux est un enjeu majeur pour le Tiers-monde qui pourrait éviter aux bactéries de deve- nir résistantes. Or l’industrie pharmaceutique est la plus rentable du monde avec des taux de profits hal- lucinants qui vont de 20 à 50 % pour certains labos. Chez Sanofi, la moitié des profits est reversée en divi- dendes aux actionnaires. Ils ont des moyens consi- dérables mais ne veulent pas utiliser cet argent pour mettre au point des médicaments qui seraient vrai- ment utiles à la santé. Ce sont les rois du pétrole. Il n’y a pas grand-monde pour les contredire, quasiment aucune contestation dans la sphère publique.
En 2017, Sanofi reversait 52 % de ses profits en dividendes aux actionnaires, soit 3,5 milliards d’euros, environ 40 téléthons.
Quelle est la logique de ce fonctionnement ?
Une somme à laquelle il faut ajouter le rachat d’ac- tions pour destruction, soit quelque trois milliards par- tis en fumée, pour faire monter le cours des actions


































































































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