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RENCONTRE
Quel succès dans votre pratique vous a le plus marqué ?
Une personne souffrait de maux de tête récurrents, avec départ sous-orbital, qui lui prenaient tout le crâne. Elle avait mal depuis longtemps, or c’est parti en quelques séances ! C’est la force de la MTC. Je pense aussi à ce malade traité pour problèmes respiratoires chroniques, sous traitement médical lourd : la MTC l’a aidé à soulager ses symptômes et à mieux suppor- ter ses médicaments aux nombreux effets secondaires (forte sudation, vertiges, troubles de la vision, maux de tête, fatigue). Mais tout ne se passe pas aussi bien, ni aussi vite. La rapidité du résultat dépend du symptôme, de la personne, son style de vie, son environnement, si son problème est dans le Li (chronique ou profond) ou dans le Biao (récent et superficiel). Deux personnes avec les mêmes symptômes, donc, ne s’en débarras- seront pas à la même vitesse. Souvent, au bout de 4 séances, on constate une nette amélioration et pas forcément sur le symptôme principal. Par exemple, si vous venez pour des maux de tête mais qu’en même temps vous souffrez d’insomnie ponctuée de « pipis fréquents » la nuit, l’acupuncture va peut-être soulager d’abord l’insomnie. Car les choses sont souvent liées.
À quoi sont dus les éventuels échecs ?
Il y en a aussi, bien sûr. J’identifie 3 causes.
• La médecine chinoise ne peut rien pour certaines personnes, elle est trop « douce » pour résumer. On indique au corps ce que l’on veut en travaillant cer- tains points énergétiques « mets du yin ici, déplace du yang là ». Parfois, c’est insuffisant. Le patient se sent un peu mieux au quotidien, mais pour moi c’est un échec (certes relatif) car il n’a pas atteint son objectif. • Il arrive que certains patients s’identifient à leur maladie, et s’enfuient dès qu’ils commencent à aller
mieux. Il y a eu le cas d’une femme assez âgée venue me voir pour des nausées, un gros dossier médical sous le bras en disant « j’ai déjà consulté tous ces médecins et thérapeutes, aucun ne m’a aidée ». Effectivement, elle a arrêté de venir quand ses nausées se sont atté- nuées, car cette souffrance est de type mentale. Il faut, dans ce cas-là, un suivi psychologique. Très fréquem- ment d’ailleurs, je conseille à mes patients de suivre en parallèle une thérapie avec un psy, nous sommes très complémentaires.
• Ou alors j’ai mal fait mon travail, posé le mauvais bilan-énergétique. Je me souviens de cette femme irri- table : son mari m’avait appelé pour me dire qu’après mon intervention, c’était encore pire ! J’avais accentué le trouble en me trompant, mais c’était aussi une piste indiquant que nous étions sur la voie. La séance sui- vante, j’ai rectifié le tir et tout s’est mieux passé.
Êtes-vous particulièrement réceptif à certains aspects (enfants, femmes, sportifs, troubles émo- tionnels...) ?
J’aime travailler avec les sportifs, car je le suis moi- même (musculation, marche rapide et vélo), donc je comprends leurs attentes. Ils n’ont pas peur d’avoir mal, alors on peut se lancer dans des massages très puissants, techniques, appuyés, pour d’excellents ré- sultats. Je préfère travailler avec un but thérapeutique, en sentant bien les différents tissus, que de seulement masser pour un bien-être.
Des projets pour l’année 2020 ?
Oui ! Je vais me former en hypnothérapie, de manière à pouvoir traiter l’anxiété et la nervosité autrement que ne le fait la médecine chinoise.
Propos recueillis par Anne Dufour
Rebelle-Santé N° 225 31
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