Page 46 - Rebelle-Santé n° 216
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ÉCOLOGIE PÉDAGOGIQUE
VENEZ RENCONTRER ÉRIC LENOIR AU FLÉRIAL,
SON JARDIN PUNK PÉDAGOGIQUE
Au printemps, Éric Lenoir ouvre au public sa pépi- nière aquatique du Flérial, à Volgré dans l’Yonne. Le paysagiste propose tout au long du mois de juin des stages et des rencontres, à destination des professionnels et des amateurs, pour s’initier au jardin punk et aux secrets des plantes aqua- tiques. Le rendez-vous à ne pas manquer : les « Rencontres du Flérial » se dérouleront pour la deuxième fois, le dimanche 16 juin. Une belle journée en perspective : chacun ramène ses bottes et son casse-croûte. Ce pique-nique convivial réu- nira différents acteurs du monde de la nature et de l’environnement pour réfléchir et échanger autour des alternatives écologiques. La liste des participants se complète au fur et à mesure, elle rassemble déjà journalistes, apiculteurs, agrofo- restiers, spécialistes des greffes...
N’oubliez surtout pas de réserver.
www.lapepiniereaquatique.com www.facebook.com/leflerial www.ericlenoirpaysagiste.com
Petit traité du jardin punk - apprendre à désapprendre
Éric Lenoir. Éditions Terre Vivante - 96 pages - 10 €.
du jardin punk, le seuil acceptable d’ensauvagement. Dans la zone d’exclusion de 30 km de rayon autour de la centrale et du sarcophage, certains canaux et étangs de cette zone humide ne sont plus praticables ou ne peuvent plus avoir aucune fonction anthropique, ce qui réorganise aussi toute la biodiversité liée à ces milieux. Les zones humides sont parmi les milieux les plus complexes. Tout est question d’ajustements subtils qui questionnent plus généralement le juste équilibre à trouver dans le discours écologique sur la gestion humaine et la préservation des milieux natu- rels. La manière qu’a la nature de traiter la radioacti- vité est un domaine tout aussi passionnant, je compte prochainement retourner à Tchernobyl pour y étudier les évolutions tant sur ces questions d’ensauvagement que sur la radioactivité, je l’espère avec un accompa- gnement scientifique actuellement en pourparlers.
"Il y a plein de bonnes raisons d’emmerder le monde ; ce qui ne sous-entend pas forcément lui nuire"
Dans votre livre, vous incitez à pratiquer le « gue- rilla gardening », à s’emparer des terrains vagues, des bordures de route, des friches. Le jardin punk implique-t-il aussi la dépollution des zones ?
Bien sûr, c’est une démarche globale. Pour rendre vivable un terrain vague, ça passe par le camouflage d’un tas de gravats ou la transformation d’une carcasse de voiture, mais pour bon nombre de pollutions invisibles, les plantes sont aussi des remèdes. Il est impératif d’avoir conscience de ces pollutions avant d’installer un potager et de se renseigner pour savoir comment les végétaux réagissent. Certains stockent certains polluants, d’autres filtrent, le bouleau par exemple ne stocke rien, mais peut pousser sur des sols quasi stériles, sans matière organique. Observer
la manière qu’a la nature de se régénérer m’incite à toujours mieux comprendre comment ça marche et c’est ce qui me passionne. En 2006, je me suis lancé dans les plantes aquatiques en reprenant la collection d’un producteur du Loiret qui partait à la retraite. Cette opportunité m’a permis de m’ouvrir à toutes les réflexions autour des systèmes de phytoépuration et de dépollution par les plantes. Je n’ai pas fini d’apprendre.
Votre appel au Do it yourself écologique rencontre un certain écho, quels sont vos projets ?
Je me réjouis que le livre circule. Le bouche-à-oreille fonctionne bien et j’ai surtout des retours de gens issus de milieux très variés, ce qui m’offre de vraies ouver- tures car mon travail interpelle aussi de plus en plus les décideurs. On commence à s’intéresser aux solu- tions que je propose, et les perspectives sont encou- rageantes. Personnellement, je n’ai aucune limite, je n’ai pas de filtre, et je me permets toujours d’envisager un vaste champ des possibles, à toutes les échelles. Encore une fois, tout n’est pas perdu. Il faut aller vers tous ceux qui veulent faire avancer les choses en fa- veur de la biodiversité. Pour les autres, il est toujours temps de reconstituer les réserves naturelles à leur insu ! C’est ça le jardin punk !
Propos recueillis par Lucie Servin
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