Page 19 - Rebelle-Santé n° 226
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Au sein de la communauté scientifique, un large consensus se dégage pour considérer les particules fines et ultrafines comme les polluants aériens les plus préoccupants. La dangerosité de ces micropous- sières (3) ne tient pas seulement à leur grande finesse, mais aussi au fait qu’à leur surface s’accrochent des substances chimiques toxiques telles que des hydro- carbures aromatiques polycycliques (benzène, to- luène...), des métaux lourds ou des pesticides. Elles peuvent aussi transporter des substances biologiques comme des endotoxines... ou des virus !
En 2017 a été publiée une étude épidémiologique dans laquelle des chercheurs chinois ont collecté des données dans 47 villes afin d’établir la relation entre exposition aux particules fines et nombre de cas de grippe, et il s’est avéré que les particules fines aug- mentaient effectivement le risque de transmission du virus de la grippe. Ils ont même chiffré à près de 11 % le nombre de cas de grippe imputables à l’exposition au virus via les particules fines. Alors que l’épidémie de coronavirus (Covid-19) n’en finit pas de se propa- ger au moment où j’écris ces lignes, on regarde sou- dainement d’un autre œil les résultats de cette étude réalisée dans un pays durement affecté par la pollution aérienne urbaine (4).
DES POISONS QUI AGISSENT À PETIT FEU
Une fois inhalées, les particules arrivent aux poumons où les plus grosses d’entre elles sont bloquées et éliminées. En revanche, les plus fines sont potentiellement capables de traverser la barrière pulmonaire. Une fois passées dans le sang, plus rien ne s’oppose à leur dissémination et à leur accumulation dans des organes tels que le cœur et le cerveau. Elles peuvent alors y exercer leurs effets néfastes de manière insidieuse, générant un stress oxydatif et une inflammation chronique à l’origine de nombreux problèmes de santé touchant différentes sphères, les principales concernées étant la sphère respiratoire (asthme, bronchite, BPCO, pneumonie,
cancer du poumon) et la sphère cardio-vasculaire (athérosclérose, arrêt cardiaque, attaque cérébrale).
PARTICULES ULTRAFINES : TRÈS DISCRÈTES, MAIS TRÈS NOCIVES
En France, on s’appuie sur l’indice Atmo pour définir quotidiennement la qualité de l’air dans les agglomé- rations de plus de 100 000 habitants. Calculé sur la base des mesures de quatre polluants, dont les parti- cules PM10 - et uniquement celles-là -, cet indice a donc pour grand défaut de ne pas prendre en compte les particules de très petites tailles, en particulier les particules ultrafines, pourtant reconnues – y compris par l’ANSES – comme étant les plus dangereuses pour la santé humaine.
La technique de mesure de masse, qui permet de pe- ser les particules les plus imposantes, est inappropriée pour les particules ultrafines, qui contribuent pour très peu à la masse globale des particules. En revanche, ces particules ultrafines sont de très loin les plus nom- breuses (80 à 87 %).
Des mesures effectuées en 2019 à Paris, dans le métro et le RER, ont révélé que 99,5 % des particules dé- nombrées étaient de taille inférieure ou égale à PM1 ! Or, ce sont celles-là qui menacent le plus la santé des usagers et des personnels présents...
ET MAINTENANT, QUE FAIT-ON ?
Des solutions plus ou moins efficaces existent pour se protéger de la pollution aérienne, à court terme (masques antipollution, purificateurs d’air, plantes dépolluantes, aération quotidienne des locaux...) ou à plus long terme (végétalisation des villes, diminution des sources d’émission de polluants...).
L’apport de la nutrithérapie n’est pas à négliger car elle peut s’opposer à la dégradation du terrain résultant d’une exposition chronique à la pollution aérienne. En l’occurrence, il s’agira de lutter contre le stress oxy- datif et l’inflammation chronique à bas bruit qui lui est associée.
NUTRITHÉRAPIE
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