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ÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ
qui comprend souvent le passage par une formation diplômante, l’entrée en couveuse débute quand le projet est validé par la coopérative. Les risques sont ainsi limités et, en dix ans, sur 34 activités couvées, seules deux personnes ont renoncé à l’agriculture et 100 % des entreprises ou activités créées sont toujours là au bout de 5 ans.
Les profils sont très variés, hommes, femmes, pour la plupart non issus du milieu agricole. Si les activités testées sont avant tout centrées sur le maraîchage, il y a aussi de l’élevage (brebis, chèvres, poules pondeuses, poulets de chair), de la culture de plantes aromatiques et médicinales, des boulangers et paysans boulanger, mais aussi des consultants et d’autres activités « ter- tiaires » en lien avec l’agriculture et l’alimentation.
UNE IMPLANTATION SUR TOUT LE TERRITOIRE FRANCILIEN
Après un projet en Seine-Saint-Denis, puis dans les Yvelines, c’est finalement à Toussacq (en Seine-et- Marne) que le projet a démarré en 2009 autour de 2 hectares mis à disposition par Jean-Louis Colas, un paysan converti à l’agriculture biologique et proche de la retraite qui souhaitait pérenniser sa ferme en agriculture biologique et favoriser l’installation de jeunes paysans. En 2011, Jean-Louis a cédé en totalité sa ferme de 74 hectares à Terre de liens. Peu à peu, Les Champs des Possibles ont repris toute l’exploitation, et fait du domaine de Toussacq un modèle coopératif en polyculture, avec des gens qui travaillent et d’autres qui se forment, en associant production, transforma- tion et commercialisation (légumes, céréales, éle- vage, fromagerie, boulangerie, conserverie, boutique) depuis la construction d’un nouveau bâtiment en 2019. Prochainement, une nouvelle porteuse de pro- jet viendra cultiver les petits fruits tandis qu’un couple d’enseignants en reconversion, Clémence et Saturnin, développe des activités d’accompagnement pédago- gique à destination des scolaires.
Mais Toussacq n’est pas le seul lieu mis à disposition par Les Champs des Possibles : deux autres sites, à Saulx-les-Chartreux (Essonne) et Magny-les-Hameaux (Yvelines), sont également co-gérés par la coopérative. Aujourd’hui les « essais » se répartissent sur 14 sites dans toute la région et cet archipel à géométrie va- riable se développe, d’autant que les paysans issus de la couveuse, une fois installés, accueillent à leur tour volontiers, dans un esprit de transmission des savoir- faire.
DE L’ASSOCIATION À LA COOPÉRATIVE D’ACTIVITÉ ET D’ENTREPRENEURS
Face au succès de l’accompagnement et de la forma- tion, le nombre de sollicitations d’aspirants paysans ou artisans s’est multiplié.
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En 2016, l’association Les Champs des Possibles s’est alors transformée en coopérative (SCIC société coo- pérative d’intérêt collectif – SARL), une entreprise partagée qui rassemble tous les partenaires associés comme les AMAP, les collectivités, les commerçants comme les biocoops, les bénéficiaires (entrepreneurs à l’essai), mais aussi les entrepreneurs salariés, qui ont décidé de rester au sein de la coopérative à l’is- sue de la période de test. Aujourd’hui, ils sont sept : comme Maela Le Guillou, maraîchère et éleveuse, co-gérante de la coopérative, ou encore Alexandre Faucher, éleveur-berger à Fontainebleau.
La coopérative offre de nombreux avantages : en gérant le foncier et le matériel, elle résout les problèmes de transmission. Elle mutualise certains services (comp- tabilité, gestion, formation, accompagnement...), offre à chacun la garantie de pouvoir acheter ou revendre ses parts sociales, alors que les entrepreneurs salariés bénéficient d’un statut qui leur offre une protection sociale, tout en conservant une pleine autonomie dans le développement de leur activité économique et la responsabilité de leur chiffre d’affaires.
La coopérative a surtout su insuffler une vraie dyna- mique. En élargissant son action sur toutes les ques- tions agricoles et alimentaires, elle s’ouvre désormais à la transformation artisanale et aux activités tertiaires. Si un projet de reconversion vous trotte dans la tête, ils sauront vous accompagner.
Lucie Servin www.facebook.com/LesChampsdesPossiblesIDF
« LE PARI DES CHAMPS DES POSSIBLES, C’EST DE FAIRE DE L’AGRICULTURE UN MÉTIER D’AVENIR »
Recruté initialement par le réseau des AMAP d’Île-de-France pour mettre en place la couveuse d’activité en 2009, Sylvain Péchoux est aujourd’hui co-gérant de la coopérative des Champs des pos- sibles. Il témoigne des enjeux au cœur du territoire de l’Île-de-France.
• Quelles sont les problématiques propres à la région francilienne ?
En Île-de-France, le foncier est rare, cher et très demandé. Pour faire face à cet obstacle, nous col- laborons avec Terre de Liens, un mouvement asso- ciatif qui peut se porter acquéreur des terres pour les louer à des agriculteurs bio, mais aussi avec des institutions publiques comme l’Agence des Espaces Verts du Conseil Régional d’Île-de-France ou les col- lectivités. Le véritable enjeu sociétal, qui dépasse le
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