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ÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ
AUDREY, UNE BERGÈRE-FROMAGÈRE EN COUVEUSE
Audrey Garcia vient d’intégrer la couveuse des Champs des Possibles pour tester son activité de bergère fromagère en partenariat avec Alexandre Faucher, le berger-éleveur de la forêt de Fontaine- bleau. Portrait.
Audrey Garcia était écologue. Après son Master, elle a travaillé pendant 5 ans pour une association de protection de l’environnement.
Alexandre Faucher, berger-éleveur itinérant dans la forêt de Fontainebleau, est passé par la couveuse des Champs des Possibles, avant de rejoindre la coopérative en tant qu’entrepreneur salarié associé. C’est à ses côtés que la jeune femme de 29 ans teste à son tour son activité de bergère fromagère.
« Au contact d’Alexandre, j’ai appris à aimer le trou- peau et la vie en itinérance. Même si j’avais un poste en relation avec la nature, je passais le plus clair de mon temps dans un bureau. J’avais besoin de trou- ver une activité en plein air », témoigne Audrey.
Avant de quitter son CDI et d’intégrer la couveuse des Champs des Possibles, elle a pris le temps de mûrir son projet.
« Sylvain, de la coopérative, m’avait d’abord indi- qué les démarches à réaliser auprès de la Chambre d’agriculture, où je suis allée, mais je ne me sen- tais pas de réaliser seule tout le parcours du com- battant pour devenir agricultrice, d’autant que je n’avais fait aucune étude dans ce domaine. Je me suis donc tournée vers le pôle Abiosol et vers le CFPPA d’Aurillac qui propose des formations courtes pour adultes autour de la transformation laitière fermière. J’ai commencé à suivre les forma- tions sur mes jours de congés. Avec Les Champs des Possibles, on s’est mis d’accord en 2018, mais ce n’est qu’en novembre 2019, que j'ai finalement intégré la couveuse pour un début de production fixé à mars 2020 ».
Entre 2018 et 2019, Audrey a réalisé des stages chez des bergers-fromagers en Île-de-France, dans les Py- rénées, en Côte-d’Or et dans la Nièvre :
« Les stages m’ont beaucoup appris en pratique, sur la gestion du temps ou encore sur la traite. Comme je pensais traire à la main, je voulais tester aussi mes capacités physiques. J’ai acquis en amont mon troupeau de 70 brebis laitières, des brebis de races corse et Thônes et Marthod. Il me fallait des races rustiques adaptées à l’élevage de plein air intégral », confie-t-elle.
Dans sa démarche, Audrey est conseillée par Alexandre, mais également par Élise Colas, sa tu- trice, elle aussi passée par la couveuse et aujourd’hui installée à son compte, qui viendra régulièrement l’aiguiller et lui donner des conseils.
En septembre 2019, avec l’équipe des Champs des Possibles, Audrey a fait le point sur le prévisionnel comptable et économique. La coopérative met à sa disposition un module de fromagerie mobile, acquis à Toussacq pour une chevrière qui a migré dans des locaux en dur. Ce module à rénover permet à Au- drey de démarrer à son tour son activité.
La première année, avant de porter son troupeau à une centaine de brebis, Audrey produira environ 3000 fromages qu’elle vendra en circuit court, prin- cipalement auprès des AMAP.
Pour financer les investissements, elle a demandé une subvention au programme européen LEADER via le Parc du Gâtinais, et un prêt citoyen auprès des Cigales que complète une cagnotte Leetchi.
Reste maintenant à goûter les premiers fromages !
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© Les Brebis des Possibles