Page 47 - Rebelle-Santé n° 223
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URGENCES
Dr Daniel Gloaguen
       L’ENTORSE INTERNE DU POUCE
UN ACCIDENT FRÉQUENT EN SKI
Une entorse du pouce est toujours possible lors d’une banale chute sur la main. En ski, elle correspond le plus souvent au syndrome dit « de la dragonne », une entorse négligée aux séquelles importantes.
       L’entorse interne du pouce est une lé- sion typique dans
les chutes à ski, au point
que les médecins des sta-
tions de sports d’hiver la surnomment « syndrome
de la dragonne », en réfé-
rence à cette lanière en
cuir fixée sur le bâton de
ski. En effet, lors d’une
chute dans la neige ou
d’un blocage du bâton, le
pouce est tordu vers l’ar-
rière, étirant le ligament
latéral interne, l’un des
plus importants en matière
de stabilité du pouce. Même si c’est au ski qu’on se fait généralement cette entorse, toute chute main à plat ou tout sport emportant le pouce vers l’arrière ou l’extérieur expose à cette pathologie (hand- ball, volley-ball, chute de vélo...).
LE POUCE,
UNE COLONNE FRAGILE Constitué de son métacarpe qui se trouve lui-même au contact du scaphoïde et surmonté par deux phalanges (au lieu de trois pour les autres doigts), le pouce est fragile du fait de la multipli- cité des mouvements qui lui sont demandés, nécessitant donc une articulation particulièrement mo- bile, vulnérable dès lors qu’un accident survient. C’est le cas pour le ligament latéral interne, un double faisceau de fibres tendu sur le côté interne du pouce qui stabilise l’ensemble constitué par la première phalange et le méta- carpe. Nous avons donc affaire ici à une entorse « métacarpo-
phalangienne ».
DE L’ÉTIREMENT
JUSQU’À LA RUPTURE
Selon l’intensité du choc, le liga- ment va d’abord se mettre en ten- sion, puis s’étirer, et se rompre parfois, provoquant au mieux une simple douleur à la base du pouce, côté intérieur, au pire l’instabilité chronique du doigt, le tout s’ac- compagnant d’un déboîtement douloureux, d’un hématome, d’un œdème et parfois d’un craque-
ment. C’est alors la rupture...
INSTABILITÉ ARTICULAIRE
Contrairement à la grande majo- rité des ruptures ligamentaires qui cicatrisent spontanément, celle de ce ligament n’est pas possible car l’aponévrose qui recouvre le muscle adducteur du pouce (fine enveloppe) s’interpose entre le mé- tacarpe et la première phalange. On peut suspecter une rupture du ligament lors du test dit « de la bouteille » : serrer une bouteille ou tout autre objet sphérique devient impossible du fait de l’instabilité articulaire.
DIAGNOSTIC CLINIQUE
La radiographie ne sert qu’à éliminer une fracture ou un arrachement osseux. La gravité de l’entorse re- pose essentiellement sur l’examen clinique.
TRAITEMENT
Sans surprise, le traitement dépend de la gravité de l’entorse (voir encadré) :
• Bénigne : la simple im- mobilisation du pouce par une contention adhésive posée pendant une quin-
zaine de jours est suffisante.
• Grave : l’intervention chirur- gicale est indispensable dans les 10 jours. Après l’intervention, la pose d’une immobilisation plâtrée ou d’une résine prenant tout le pouce est nécessaire.
Dans les deux cas, la kinésithéra- pie est recommandée après l’im- mobilisation.
Dr Daniel Gloaguen
                                     NOTION D’ENTORSE
Comme pour la cheville, le terme d’entorse du pouce définit uniquement un mouvement articulaire d’une amplitude excessive, avec déboîtement articulaire parfois, sans préjuger de l’existence d’une lésion anatomique. L’entorse n’est donc pas synonyme de gravité. On peut souffrir d’une entorse du pouce bénigne, avec un simple allongement ligamentaire.
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