Page 44 - Rebelle-Santé n° 221
P. 44

ÉDUCATION ET SOCIÉTÉ
aujourd’hui que les machines ont désormais large- ment dépassé les capacités du cerveau humain pour tout ce qui est programmable, par leur rapidité de calcul notamment. Désormais, c’est la créativité qui nous démarque des robots, il faut donc la stimuler et la remettre au centre de l’éducation. De plus l’imagi- naire est un fabuleux moyen pour éveiller les enfants et faire passer des messages, sans être trop scolaire, didactique ou moralisateur.
Pourquoi avoir choisi l’audio ?
L’écoute stimule-t-elle mieux l’imagination que l’image ?
Je n’ai rien contre les images en soi. Les livres d’images et les livres audio sont complémentaires. La nocivité est toujours dans l’excès. En revanche, il a clairement été démontré combien les écrans sont nocifs pour les enfants. La lumière bleue hypnotise et l’enfant, de- vant l’écran, n’apprend rien car il n’est pas dans une position d’éveil. De plus, tablettes et téléphones sont souvent utilisés par les parents dans une perspective de punition et de récompense ou encore pour calmer l’enfant. Ce sont des leviers de chantage. L’audio, à l’inverse, par la stimulation d’un seul sens, favorise l’imagination, la concentration, le vocabulaire. Je vou- lais ainsi créer un objet qui appartient à l’enfant et non à ses parents, un objet qu’il peut s’approprier totale- ment. Cette intimité lui donne une âme. Je me suis ensuite dirigée très naturellement vers l’audio. Petite, j’écoutais toujours des histoires quand je jouais dans ma chambre. J’ai aussi appris mes tables de multipli- cation en chantant.
Comment fonctionne le boîtier « Ma Fabrique à Histoires » ?
Pendant mon cursus, je me suis spécialisée en études sur les interfaces tangibles qui mobilisent les cinq sens, au-delà du fait de « swiper » avec son doigt sur un écran tactile. Personnellement, j’ai toujours adoré le design des objets des années 1970 et je suis convaincue de la pertinence d’avoir des objets spécia- lisés dans une fonctionnalité unique. On ne se rend pas forcément compte combien les objets qui font mille choses à la fois, en sur-stimulant les enfants, deviennent épuisants.
J’ai donc réfléchi à contre-courant d’une époque où tout le monde proposait de nouvelles applications pour les tablettes et smartphone.
Le boîtier Lunii est le fruit de toutes ces réflexions. C’est un objet très intuitif dans son utilisation, facile- ment accessible et manipulable par tous les enfants : un design très simple et cinq boutons suffisent pour accéder à l’arborescence des histoires. À l’aide d’une molette, l’enfant choisit l’ingrédient de son récit, à la manière des livres dont vous êtes le héros. Un câble USB permet de recharger la batterie et de télécharger de nouvelles histoires sur le Luniistore, la librairie en ligne. Les premiers prototypes ont été réalisés grâce à une subvention de la région Île-de-France et ont été testés auprès des familles. Au départ, ils étaient plus gros et en bois, mais ils étaient aussi plus lourds et plus fragiles. Voilà pourquoi nous avons finalement opté pour le plastique avec un vernis « soft edge ». L’objet, devenu plus doux, plus solide et plus résistant, a fait l’unanimité auprès des enfants. Le boîtier est aussi un
44 Rebelle-Santé N° 221
© Lucie Servin © Lunii2019


































































































   42   43   44   45   46