Page 115 - Rebelle-Santé n° 192
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pathologies
DU RISQUE D’INTOXICATION...
Boire trop d’eau équivaut à une sorte de noyade « de l’intérieur ». On parle même de « syndrome d’intoxication à l’eau ». Schéma- tiquement, on noie l’extérieur de nos cellules dans des litres d’eau et l’organisme, pour éviter que les cellules elles-mêmes ne se
gonflent d’eau, n’a d’autres solu- tions que de mettre en route des mécanismes de protection qui passent notamment par l’élimi- nation urinaire de cette eau. Un risque mortel existe lorsque l’ap- port hydrique dépasse les capaci- tés d’élimination rénales (à partir de 10 litres d’eau par jour). L’eau va stagner dans l’organisme sous forme d’œdèmes liés au fait que
le sodium (Na) est trop dilué dans le sang. Une crise d’épilepsie (par œdème du cerveau) ou un arrêt cardiaque (sodium trop dilué) sont toujours possibles. Enfin, l’abus d’eaux minérales, riches en miné- raux donc, peut conduire à un sur- dosage (sulfates, sulfures, bicarbo- nates, nitrates...).
... À LA DÉSHYDRATATION !
Boire trop d’eau va également perturber l’équilibre hormonal. Parmi les nombreux mécanismes de régulation hydrique, il en est une particulièrement efficace : l’hormone antidiurétique (HAD). Pour faire simple, quand on est déshydraté, sa synthèse augmente (afin d’éviter la fuite d’eau uri- naire). Quand on est beaucoup trop hydraté (potomanie), sa syn- thèse diminue pour permettre l’élimination de l’eau en excès. De sorte qu’un potomane n’a pour ainsi dire presque plus de synthèse d’HAD. Le problème sur- vient lorsque le potomane décide de ne plus boire (parce qu’il est médicalement traité) ou qu’il n’a plus d’eau à disposition, l’HAD étant au plus bas, l’eau continue à être éliminée alors qu’il n’en absorbe plus. Un potomane qui s’arrête de boire brutalement, du jour au lendemain, risque donc la déshydratation ! Le retour à une synthèse normale d’HAD réclame du temps.
TRAITEMENT
La prise en charge de la potomanie- maladie est essentiellement psy- chothérapeutique et s’apparente à un déconditionnement. L’ap- proche est la même que lors de l’anorexie mentale : quantité d’eau journalière fixée, pesées régulières et contrat « d’objectifs » à atteindre. Quant à la potomanie- habitude, il suffit simplement de se convaincre que l’hydratation est largement assurée avec un à deux litres d’eau par jour, associée à celle contenue naturellement dans les aliments.
Dr Daniel Gloaguen
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