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RencontRe
ERika, ou la passion du safRan
C'est au hasard d'une conver- sation avec des amis à Saint- Jeannet que j'ai appris que
Erika Del Citerna Rasse cultivait depuis peu le safran. Jusqu'à pré- sent, le nom de Rasse m'évoquait un délicieux vin produit au pied des montagnes, et le prénom d'Eri- ka, une personne solaire par son éternel sourire et sa gentillesse.
Je voudrais aujourd'hui, au travers de cet entretien et des photos qui l'accompagnent, partager avec vous le moment passé avec Erika dans son domaine et ses cultures de safran. Le safran, cette plante si précieuse, au goût oriental et à la couleur mythique, qui révèle des trésors de générosité.
Virginie Parée :
Erika, comment avez-vous décidé de cultiver le safran ?
Erika :
Il y a une multitude de facteurs et ils viennent tous de mes racines. Le safran m'a toujours fascinée, car ma grand-mère paternelle, qui
Erika
était italienne, cuisinait safrané. Un grand nombre de ses recettes contenaient du safran. Il a donc pour moi un parfum et des saveurs qui ont le goût de l'enfance.
Du côté maternel, mon grand-père, parisien, était né dans la Creuse et il a consacré beaucoup de temps à travailler la terre avec les paysans de sa région d'origine. Je passais tous mes étés là-bas. Je crois avoir porté le travail de la terre en moi depuis toujours.
Et puis, il y a ma vie à Saint-Jeannet avec Jérôme, qui est issu d'une famille de vignerons. Il travaille la terre également, s'occupe des oliviers et des vignes.
Depuis de longues années, je me nourris donc de tout cela.
Quel a été le déclencheur pour passer à l'action ?
C’est le site Bio dans nos Vies, que j'anime avec Pascale Schembri* et Nathalie Martin-Jarrand. À partir de la création du site, nous avons rencontré énormément de gens, dont de nombreux agriculteurs.
Il y a donc eu les paysans que je portais en moi, mais aussi ceux que je côtoie au quotidien dans ma famille et tous les autres, toutes ces personnes au parcours incroyable.
Quel genre de parcours ?
Ce sont des personnes qui ne ve- naient pas du tout du monde rural et qui, après réflexion, ou du jour au lendemain, se sont installées pour travailler la terre.
Pour le site, j’avais envie de faire un reportage sur les safraniers. J'ai donc commencé à faire des recherches autour du safran. J'ai accumulé des connaissances, pris contact avec des safraniers, mais ce n'était jamais le bon moment. Soit la récolte était terminée, soit la floraison pas encore arrivée. Je ne savais pas encore que la récolte était d'octobre à novembre.
Que s'est-il passé alors ?
Toutes les connaissances que j’avais acquises ont fait leur che- min... jusqu'au jour où j'ai eu envie d'essayer. Ce que j'ai décou- vert au cours de mes recherches m'a donné la sensation que c'était accessible. Après tout, j'avais l'es- pace, des bras et des conseils pour m'aider, et beaucoup de volonté. Et puis, ma relation avec la terre me semble aller de soi. Alors, je me suis lancée.
L'essai a été concluant.
Quand avez-vous commencé ?
En été 2015 ! Jérôme et moi avons fait les premières plantations à ce moment-là. On a triplé la production cette année, passant d'un statut d'amateur à un statut
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*Voir Rebelle-Santé n° 190
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Photos p. 37, 38 et 39 © Virginie Parée