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NUTRITHÉRAPIE
Les toxines bactériennes dont il est ici question déclenchent et entretiennent des processus inflamma-
sont donc les lipopolysaccharides – on dit LPS,
pour faire plus court ! À la base, les LPS sont des
composants de la paroi externe des bactéries à Gram négatif présentes dans l’intestin. Ces composants sont constamment libérés lors de la destruction des bactéries. Il n’y a aucune raison particulière de s’en préoccuper tant que les LPS ne traversent pas la bar- rière intestinale. De fait, le risque que cela se produise est plutôt mince car les LPS sont des molécules trop grosses pour passer à travers une muqueuse intestinale en bon état. Et quand bien même certains LPS parvien- draient à traverser la paroi intestinale pour rejoindre la circulation sanguine, le foie serait toujours là pour les gérer et les éliminer. Fin de l’histoire ? Hélas, non !
LPS ET PERMÉABILITÉ INTESTINALE
Depuis des années, on ne cesse de vous répéter à longueur d’articles qu’il faut prendre soin de votre microbiote intestinal. Si jamais vous n’en êtes pas encore tout à fait convaincu, sachez que l’intestin est un écosystème dans lequel muqueuse et microbiote fonctionnent en étroite synergie. Le déséquilibre du microbiote – notamment provoqué par une alimenta- tion déséquilibrée, le stress ou la prise d’antibiotiques – a pour effet de fragiliser la muqueuse et de la rendre plus perméable. En conséquence de quoi de grosses molécules telles que les LPS peuvent alors franchir en grand nombre la barrière intestinale, poussant le sys- tème immunitaire à déclencher une réaction inflam- matoire.
LPS ET INFLAMMATION
Les chercheurs savent depuis longtemps que les LPS figurent parmi les molécules les plus inflammatoires. C’est d’ailleurs pourquoi ils n’hésitent pas à adminis- trer des LPS par voie intraveineuse quand ils veulent provoquer un état inflammatoire chez des cobayes humains (volontaires). Même si la dose injectée est infime, elle est toujours suffisante pour activer plus ou moins fortement le système immunitaire. Le calcul de la dose se fait en fonction du poids corporel. L’expé- rience montre qu’il suffit d’administrer une dose dé- passant simplement un nanogramme par kilo pour entraîner l’apparition de symptômes grippaux (fièvre, frissons, nausées, maux de tête, douleurs musculaires) dans les deux heures qui suivent !
LES MALADIES ASSOCIÉES À UN EXCÈS DE LPS
Les LPS deviennent préjudiciables à la santé à par- tir du moment où ils passent en trop grand nombre dans la circulation sanguine. Car plus rien ne les em- pêche alors d’atteindre de nombreux organes où ils
toires qui, à la longue, favorisent le développement de problèmes de santé comme ceux recensés ci-dessous :
FOIE : maladie du « foie gras ». PANCRÉAS : diabète de type 2.
CŒUR : maladie cardiaque chronique. VAISSEAUX : artériosclérose, coronarite.
CERVEAU : inflammation de l’hypothalamus condui- sant à une dérégulation de l’appétit ; détérioration de l’humeur et de la cognition (il suffit d’administrer à des volontaires une faible dose de LPS – soit moins de 1 nanogramme par kilo – pour faire apparaître chez eux un certain nombre de symptômes associés à la dépression : fatigue, perte d’appétit, baisse des perfor- mances cognitives...).
MUSCLE : sarcopénie (perte excessive de masse et de force musculaires).
TISSU ADIPEUX : obésité (il suffit d’administrer des LPS à des souris pendant 4 semaines pour provoquer une prise de poids comparable à celle qui aurait été induite par un régime alimentaire riche en graisses !).
La liste ne s’arrête pas là, d’autres maladies étant elles aussi reliées à des taux sanguins élevés de LPS. Ci- tons le syndrome de fatigue chronique, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et l’autisme.
À noter, enfin, qu’une consommation excessive d’al- cool s’accompagne également d’une élévation des taux de LPS.
LA NUTRI-STRATÉGIE À METTRE EN ŒUVRE ALIMENTATION
Privilégiez une alimentation favorable au microbiote intestinal, DONC riche en prébiotiques, DONC riche en fibres.
Les prébiotiques
Les prébiotiques sont des composants alimentaires non digestibles qui servent de nourriture aux bonnes bactéries du microbiote. Ils stimulent leur croissance et leur activité et par là même, leur capacité à tisser et à maintenir un film protecteur sur la paroi intestinale.
Quand les bonnes bactéries ne reçoivent pas leur ration de prébiotiques, elles se retrouvent dans l’incapacité
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