Page 31 - Rebelle-Santé n° 217
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NUTRITHÉRAPIE
En 2012, l’étude NutriNet-Santé a mis en évidence qu’en France, les apports alimentaires en fibres se situent en moyenne autour de 19 g par jour. Et que dire du seuil des 30 g par jour, uniquement atteint par 10 % des hommes et 4 % des femmes !
Il existe différentes sortes de fibres, les plus profitables aux bactéries amies étant celles pouvant être rapide- ment fermentées. Citons en particulier :
Les fructanes (inuline, fructo-oligosaccharides). Sources alimentaires : seigle, orge, froment, ail, oignon, poireau, artichaut, betterave, banane, kaki, melon...
Les amidons résistants. Sources alimentaires : avoine, millet, sarrasin, riz, pois chiches, lentilles, pomme de terre, banane, châtaigne...
Le tableau de la page 30 vous donne une idée de la teneur moyenne en fibres d’une bonne quinzaine d’aliments.
Pour aller plus loin dans la compréhension et la mise en œuvre du « régime microbiote », je vous invite à lire l’ouvrage du même nom du pharmacien biologiste André Burckel, publié chez Mediclaro Édi- tions.
Si la bonne santé de notre microbiote intestinal dépend de nos choix alimentaires, elle dépend aussi de la qualité de notre « feu digestif ». N’hésitez pas à vous reporter à l’article que j’ai consacré à ce sujet dans le n° de mars 2019 de Rebelle-Santé.
Pour faire la transition avec la partie Supplémentation, un mot sur les probiotiques. Loin de moi l’idée de remettre en cause leur intérêt mais, au lieu d’enrichir temporairement notre microbiote intestinal en bacté- ries bénéfiques via la prise de probiotiques, ne paraît- il pas plus sensé et plus profitable à long terme de bien nourrir les espèces bactériennes amicales qui résident en permanence dans notre intestin ?
Bref, vive les prébiotiques !
SUPPLÉMENTATION
Bonne nouvelle, nous disposons d’un nutriment anti- LPS de premier choix : la lactoferrine.
La lactoferrine est une protéine majeure du lait ma- ternel. Le colostrum, premier lait sécrété après l’ac- couchement, contient même sept à dix fois plus de lactoferrine que le lait maternel produit par la suite. Cela souligne l’importance de cette protéine destinée à soutenir le système immunitaire encore immature du nouveau-né face aux infections. Selon le Dr Hugues Piloquet, du CHU de Nantes, « la lactoferrine apparaît
comme la composante la plus importante de l’arsenal anti-infectieux du nourrisson ».
L’activité antibactérienne de la lactoferrine s’exerce de deux façons : d’un côté, elle s’oppose à la multiplica- tion des bactéries en les privant de fer, élément in- dispensable à leur croissance, et de l’autre, elle se lie aux LPS de la paroi bactérienne puis s’arrange pour faciliter la pénétration et la destruction des bactéries par des substances antibactériennes. De quoi justifier l’emploi de la lactoferrine comme adjuvant des traite- ments antibiotiques.
De surcroît – et c’est ce qui nous intéresse surtout pré- sentement –, la lactoferrine interagit également avec les LPS sous forme libre, autrement dit avec tous ceux ayant rejoint la circulation sanguine. Un point capital, car en neutralisant les LPS sous forme libre, la lactofer- rine réduit d’autant le risque de suractivation des voies inflammatoires.
Chez de valeureuses souris de laboratoire sacrifiées au nom de la Science, on a mis en évidence que l’admi- nistration intrapéritonéale de lactoferrine une heure avant l’injection de LPS réduisait drastiquement leur taux de mortalité, ce dernier passant de 83,3 à 16,7 %.
À noter que la lactoferrine possède également une acti- vité antivirale (rotavirus, entérovirus, virus de l’herpès simplex...), antifongique (Candida albicans, Aspergil- lus niger...) et antiparasitaire (Toxoplasma gondii, Tri- chomonas vaginalis...), ce qui en fait par là-même un agent anti-infectieux à large spectre d’action.
EN PRATIQUE
Contexte d’utilisation de la lactoferrine (liste non ex- haustive) :
Renforcement des défenses naturelles
Hyperperméabilité intestinale (hypersensibilités
alimentaires, candidose intestinale chronique)
Infection à Helicobacter pylori (ulcère gastroduo- dénal)
Résistance à l’insuline objectivée par indice HOMA
Prise de poids marquée sur une courte période.
Posologie moyenne conseillée : 400 à 800 mg par jour.
Didier Le Bail
Rebelle-Santé N° 217 31