Page 15 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
LE CHOEUR. - On ne demande jamais son avis au peuple de Bagdad ! HOMME 1.- On nous ordonne de reconnaitre Untel comme chef.
LE CHOEUR. - Alors, nous le reconnaissons comme chef.
HOMME 1.- On nous ordonne juste d’obéir.
LE CHOEUR. - Alors, nous obéissons.
FEMME 1.- De nos jours, c’est là le secret de la sécurité.
HOMME 3.- Nous l’avons appris des bourreaux et de leurs cravaches serties de clous.
HOMME 1.- Et des lances des gardes au regard glacé.
FEMME 2.- Et des prisons dont les portes ne s’ouvrent que vers l’intérieur. FEMME 1.- Comment nourrir nos enfants si nos hommes sont déchiquetés sous les coups des cravaches et les piques des lances ?
FEMME 2.- Et que faire quand les portes des prisons se referment sur ceux que nous aimons ?
HOMME 3.- Nous sommes habitués à tous les bouleversements.
HOMME 2.- Et à la succession des califes et des vizirs.
FEMME 2.- Et à des assassinats au moindre prétexte.
FEMME 1.- Et aux disparitions pour un simple mensonge ou une dénonciation.
HOMME 3.- On n’en a rien à faire des histoires de nos maitres.
HOMME 1.- On nous ordonne de reconnaitre Untel comme chef.
LE CHOEUR. - Alors, nous le reconnaissons comme chef.
HOMME 1.- On nous ordonne d’obéir.
LE CHOEUR. - Alors, nous obéissons.
HOMME 3.- D’ailleurs, qui connait la vérité en ces temps troublés ?
LE CHOEUR. - Nous, le peuple de Bagdad, nous avons choisi le salut et la sécurité. Nous nous saignons nuit et jour pour assurer notre subsistance. Chanceux celui qui a de quoi vivre à Bagdad !
Les acteurs se retirent lentement et quittent les lieux.
CLIENT 2.- Par Dieu ! Comme si rien n’avait changé ! CLIENT 3.- Mais, monsieur, il n’y a pas d’autre solution. CLIENT 4.- Garçon ! Apporte-moi encore un thé.
LE SERVEUR. - À votre service !
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