Page 16 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
LE CONTEUR. - « Telle était la situation dans laquelle se trouvaient les gens à Bagdad à l’époque où le calife Chaabane al-Moqtader Billah et son vizir al- Alqami s’entendaient bien. Il en était encore ainsi quand ils se disputèrent et que la discorde s’installa entre eux. Au début, le différend resta dissimulé puis il éclata et commença à se répandre dans les couloirs des palais et à se propager de bouche à oreille dans la ville. Le vizir Mohamed al-Alqami avait un mamelouk dénommé Jaber. C’était un garçon très intelligent. Partout où il allait, il apportait plaisanterie et gaité. Comme les habitants de Bagdad, il était le dernier à s’intéresser aux démêlées du calife et de son vizir. »
Entrent deux acteurs portant des éléments d’un décor très simple représentant un vestibule dans le palais de Bagdad. On peut, ici et dans les scènes suivantes, remplacer les éléments décoratifs par des panneaux dessinés. Après avoir installé le décor, les deux acteurs se retrouvent à l’avant de la scène.
Le premier joue le rôle du mamelouk Jaber : un jeune homme d’environ vingt-cinq ans, de taille moyenne, très dynamique, avec des traits fins et intelligents comme le révèle son regard vif. Le deuxième, c’est le mamelouk Mansour, trente-cinq ans environ, de petite taille et de forte constitution. Les traits de son visage reflètent douceur et bonté.
JABER, il avance vers son camarade en plaisantant et en chantonnant. - Quand je serai calife, je te nommerai grand vizir.
MANSOUR. - Chut ! ... Si notre maitre t’entendait dans l’état où il se trouve, il donnerait l’ordre de te fouetter jusqu’à ce que ta peau parte en lambeaux. JABER, il se frotte le derrière avec la paume de la main comme si on le fouettait vraiment. - Et pourquoi ? Que Dieu nous préserve !
MANSOUR. - Tu ne vois pas ce qui se passe ? Notre maitre, le vizir, est fort affligé.
JABER. - Je sais qu’il est fort affligé et que la fortune sourit à sa favorite Chams al-Nahar.
MANSOUR. - Et pourquoi la fortune sourit-elle à Chams al-Nahar ?
JABER, il lui murmure quelque chose à l’oreille alors que sur son visage se dessine un sourire hypocrite. - Parce que notre maitre, le vizir, la désire davantage quand il est contrarié. Or, si jamais la situation continuait de la sorte, Chams al-Nahar deviendrait la maitresse absolue du palais.
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