Page 44 - L'AVENTURE DE JABER
P. 44
L’Aventure de Jaber
LE VIZIR, il commence à s’énerver et se renfrogner. - Pas de sentiments ! Si tu as quelque chose à me dire, dis-le et sois bref. Personne ne se présente à moi sauf pour apporter de mauvaises nouvelles et avec une tête à faire fuir même un hibou.
JABER. - Que je meure si je déplais à notre Maitre, le vizir !... Je suis venu lui rendre service s’il a besoin de quelque chose.
LE VIZIR, l’examinant attentivement. - Me rendre service ? Depuis quand y a-t-il quelque chose de bon en vous ? Dès que j’évoque une mission pour l’un d’entre vous, il se met à trembler comme s’il allait au-devant de la mort. JABER. - Me voici devant mon Seigneur. Ma vie est à sa disposition. Dans les situations difficiles, la ruse est de rigueur.
LE VIZIR. - Je te connais baratineur. Dis vite ce que tu as dans le ventre. Es- tu venu me flatter ou dissimules-tu quelque chose ?
JABER. - Quand mon Maitre me mettra à l’épreuve, il saura si ce que je dis est de la flatterie.
LE VIZIR. - Connais-tu la mission pour laquelle je cherche un homme qui puisse risquer sa vie pour elle ?
JABER. - Je ne dois pas fourrer le nez dans ce qui ne me concerne pas mais, quand j’ai su que mon Maitre avait des tracas, je me suis fait des soucis et j’ai commencé à en chercher la cause. J’ai songé à faire quelque chose qui dissiperait ses peines et l’aiderait à réaliser ses vœux. Ayant longtemps cherché et m’étant longuement informé, j’ai su que ce qui préoccupait notre Maitre est une missive qu’il veut faire sortir à tout prix de Bagdad.
LE VIZIR. - Notre affaire est maintenant connue dans toute la ville !
JABER. - Que mon Maitre me pardonne cette curiosité ! Je n’avais pas voulu y fourrer mon nez ...
LE VIZIR, l’interrompant, sa curiosité étant attisée. - Ne t’en fais pas, mamelouk ! Il est trop tard pour vouloir prendre des précautions. Ce qui nous intéresse maintenant c’est de trouver celui qui se chargera de la mission au risque d’énormes dangers.
JABER. - Il est devant vous, Maitre.
LE VIZIR, étonné, il prend une prise de tabac et d’un geste inconscient la fourre dans son nez. - Toi ?... Et qu’as-tu préparé ? As-tu vu ce que font les gardes aux portes de la ville ?
JABER. - Oui, par Dieu ! Je les ai vus, Sire. Je me réfugie en Dieu ! On ne peut pas leur échapper même si on porte le bonnet qui rend invisible. Ils
43