Page 48 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
nous t’offrirons la situation que tu voudras. Et, à Bagdad, la femme que tu désires t’attendra et, en plus, un tas d’or.
JABER. - Que Dieu prolonge la vie de notre Seigneur et qu’il fasse que ses jours soient une succession de victoires et de félicités !
LE VIZIR. - Et maintenant... Qu’on nous amène le barbier !
JABER. - Oui ! Qu’on nous amène le barbier et qu’il apporte le rasoir le plus affilé !
La lumière baisse dans la salle tandis qu’elle s’intensifie sur la chaise occupée par le conteur. La scène sera exécutée sous forme de mimique et de rituel. Les gestes sont accomplis avec un rythme lent. Le silence des acteurs leur confère plus de gravité au point de les faire ressembler à un rituel magique. Les mouvements se mêlent au récit du conteur et forment avec lui une sorte de mélopée.
LE CONTEUR. - « Le vizir demanda que le barbier se présente sur-le-champ et qu’il apporte le rasoir le plus étincelant et le mieux affilé. Le barbier arriva aussitôt au diwan, suivi de trois jeunes apprentis. »
Le barbier entre avec les trois jeunes gens derrière lui. Ils marchent d’un pas rythmé, lent, discipliné à l’extrême. Ils sont tout de blanc vêtus et portent le matériel de coiffure : l’un d’eux porte une chaise haute ainsi qu’un repose-pied, le deuxième, une valise contenant les instruments de coiffure et quelques serviettes, quant au troisième, il a entre les mains une aiguière et une cuvette en argent massif. Ils avancent tous vers le milieu du diwan. Ils n’oublient pas de faire, de temps à autre, des révérences, rythmées et solennelles. Quand ils arrivent devant le vizir et Jaber, ils se mettent à préparer le rasage. On met la chaise avec son repose-pied face aux spectateurs. L’ambiance est pesante et solennelle.
LE CONTEUR. - « Le vizir conduisit Jaber, son mamelouk, et le fit asseoir sur la chaise haute. Celui-ci s’y tint bien droit et fier. Ses yeux brillaient et les rêves chatouillaient son imagination. Le barbier ouvrit sa valise, en sortit un rasoir scintillant avec sa courroie d’affûtage et se mit à l’aiguiser.
Ô barbier, aiguise ton rasoir,
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