Page 62 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
Pendant son excès de colère, la femme se lève ; elle s’assoit à ses côtés et lui caresse les cheveux.
LA FEMME, tendrement, tout en sanglotant. – Je sais... je sais... Je suis une femme qui souffre. Je suis idiote. Je ne veux pas que tu te mettes en colère... Tu connais la morsure de la faim.
Le silence règne. L’homme enfouit son visage entre ses mains. Quelques instants après la femme se lève, met le bébé sur une paillasse et s’apprête à sortir.
LE MARI, comme fou, il la saisit au poignet. – Que fais-tu ?
LA FEMME. – Dieu est clairvoyant ! Il ne refusera pas de nous pardonner. LE MARI. – Reste ici !
LA FEMME. – Dieu pardonnera. Nous ne le laisserons pas mourir pendant que nous nous regardons.
LE MARI. – Non !... Pas maintenant. Je ne peux pas... je ne peux pas.
Il l’attire auprès de lui. Ils s’assoient ; ils versent des larmes tandis que le petit pleure.
LA FEMME. – Ô Toi le Clairvoyant !
CLIENT 2.- J’invoque le pardon de Dieu le Tout-Puissant !
CLIENT 4.- En fin de compte, les victimes sont toujours les pauvres. CLIENT 3.- Que Dieu leur vienne en aide !
LE CONTEUR. - « Jaber, le mamelouk, était toujours enfermé dans la chambre obscure. La lumière ne lui parvenait que par une lucarne, à peine plus grande que la pupille. Il attendait que ses cheveux repoussent pour pouvoir sortir de son cachot et partir avec la missive. »
Pendant que le conteur parle, on installe sur la scène une pièce avec une porte et une fenêtre très étroite. Cette fenêtre a des barreaux, la porte est fermée et devant elle se tient un garde.
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