Page 64 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
JABER. - Que dis-tu ? Le vizir était d’accord et ses promesses étaient claires. ZOUMOURROUDE. - Peut-être qu’il a accepté et il a promis !
JABER, avec violence. - Ne dis pas « peut-être » car il était effectivement d’accord.
ZOUMOURROUDE. - Je te crois. Mais tu n’as rien encore. Tu es toi-même un secret enfermé et, en plus, dans une pièce bien close.
JABER. - Ce n’est que passager. J’enlacerai alors ce corps qui m’embrase et je ne le laisserai plus m’échapper jusqu’à la mort. J’ai fait tout cela pour toi, Zoumourroude. C’est toi qui m’as illuminé et c’est toi qui m’as inspiré. Je rêvais de toi quand l’idée a éclairé mon esprit. Tu es à moi... ton corps brûlant est mien.
ZOUMOURROUDE, les yeux perdus dans le vague. - Il y a encore entre nous un long chemin plein de dangers.
JABER. - Que veux-tu dire ? Je ne t’ai jamais entendu parler si sérieusement. Je connais ta voix pétillante de gaité et les mots de tes lèvres, enjoués et excitants. Qu’y a-t-il donc ?
ZOUMOURROUDE. - Ce voyage !
JABER. - Tu as peur pour moi ? Je dévorerai l’espace comme un fantôme et je serai plus rapide que les oiseaux des steppes. Si tu commençais à t’apprêter, je serais à tes côtés avant même que tu aies fini ! ZOUMOURROUDE. - Je suis inquiète, Jaber !
JABER. - Pourquoi donc t’inquiéter ?
ZOUMOURROUDE. - Je ne sais pas. Un étrange pressentiment me serre le cœur. Je t’aime, Jaber !
JABER. - Ah! Si j’avais entendu cette déclaration dans une autre circonstance !... Mais, par la Vérité divine ! Ôte ce voile.
Zoumourroude, inquiète, regarde de tous côtés puis elle dénoue l’extrémité du voile ; apparait alors son beau visage, aux traits harmonieux.
ZOUMOURROUDE. - Si quelqu’un m’apercevait, ils écorcheraient le garde !
JABER. - Qu’ils l’écorchent et qu’on m’écorche avec s’ils le veulent. C’est un juste prix pour voir cette splendeur. (L’eau lui vient à la bouche et altère sa voix ; il tend la main.) Ah ! Si je pouvais toucher ces deux lèvres fraiches ou ce cou d’albâtre ! (Ses deux mains heurtent les barreaux.) Que Dieu
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