Page 67 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
ZOUMOURROUDE, d’un prompt geste, elle remet son voile et le noue. - C’est l’heure. Je dois partir. Sois prudent, Jaber. Évite les écueils. Je passerai tout le temps à implorer Dieu pour que tu reviennes sain et sauf. Prends garde à toi !
JABER. - N’aie pas peur. Dans ma course, je dépasserai les oiseaux des steppes.
Zoumourroude lui fait un signe d’adieu puis elle quitte la fenêtre tout en se retournant, de temps à autre, vers lui en faisant des clins d’œil.
LE CONTEUR, un instant après. - « Jaber resta prisonnier dans sa chambre. Comme à l’accoutumée, le vizir lui rendait visite... jusqu’au jour où il estima que les cheveux avaient suffisamment repoussé pour dissimuler les mots inscrits sur la tête de Jaber. Pas une syllabe n’apparaissait, même si le regard traversait les poils. La joie se répandit alors sur le visage du vizir. Il emmena son mamelouk pour préparer sans plus tarder son départ. Car, le temps était précieux et l’instant pourrait renverser la situation et changer la destinée. »
Le vizir Mohamed al-Alqami apparait accompagné du mamelouk Jaber dont les cheveux avaient repoussé même s’ils sont plus courts qu’à la première fois où nous l’avions vu. Ils sont dans un coin du diwan.
LE VIZIR. - Le moment est venu, Jaber ! Un moment que ni vizir, ni émir, ni chroniqueur à Bagdad ne pourront te faire oublier.
JABER. - Le fait que notre Maitre, le vizir, ne m’oubliera pas me réjouit le cœur. Quant aux autres, je n’en ai rien à faire. Mon Maitre donnera-t-il à son mamelouk l’ordre de partir ?
LE VIZIR. - Oui, il est temps : les minutes sont précieuses.
JABER. - Et où mon Maitre voudra-t-il que j’aille avec sa missive ?
LE VIZIR. - Avant que je te le dise, Jaber, écoute ma mise en garde et je sais bien là ce que je dis. Si un homme ou un djinn savent l’endroit où tu te rends, sache alors que tu es perdu et que l’enfer ouvrira ses portes pour t’engloutir. JABER. - Que Dieu me préserve ! Mon Maitre doute-t-il de la loyauté de son mamelouk ? Que je meure si je suis de ceux qui trahissent le secret ou la confiance.
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