Page 68 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
LE VIZIR. - Je lis en toi le dévouement mais, prévenir ne nuit guère.
JABER. - L’épreuve est la pierre de touche de la fidélité. Mon Maitre verra bien si je suis digne ou non de sa confiance.
LE VIZIR. - Bon ! Jaber. Tu vas partir vers le pays des Perses. Tu te rendras dans sa capitale et tu remettras la missive à son roi.
JABER. - Le pays du roi Mounkatem ibn Daoud ?
LE VIZIR. - Oui ! Le pays du roi Mounkatem ibn Daoud. La missive n’admet pas de retard. Plus tu te dépêches, plus le service rendu sera noble et plus grande sera la récompense.
JABER, avec enthousiasme. - Je parcourrai la distance à la vitesse de l’éclair, le soleil ne sera pas monté plus haut que les cinq doigts de la main que je serai devant le roi Mounkatem ibn Daoud.
LE VIZIR, il sourit et lui caresse les cheveux. Une pensée d’un sens mystérieux traverse son regard. - Comme ton zèle me plait !... Ah ! Si j’avais dix de tes semblables, j’aurais conquis le monde avec eux. Nul n’oubliera ton stratagème, Jaber : ni vizir, ni émir, ni chroniqueur à Bagdad !
JABER. - Notre Maitre, le vizir, m’a donné plus que ne vaut mon service insignifiant. Un mamelouk ne peut guère rêver pareilles promesses.
LE VIZIR. - Les promesses seront tenues. Nous nous en acquitterons et nous les accroitrons si tu le désires.
JABER. - Par Dieu ! J’ai voulu exprimer ma gratitude, pas plus. Je suis à votre disposition. Quand est-ce que mon Maitre me donne l’ordre de partir ? LE VIZIR. - Immédiatement. Tout est prêt... Sellez le meilleur coursier et apprêtez tout ce qui est nécessaire pour le voyage. Il faut que notre course contre la montre réussisse. Il n’est pas nécessaire de te mettre en garde encore une fois, Jaber. La prudence est plus importante que les provisions de route. Si tu tombes dans un mauvais pas, ne perds pas ton sang-froid et débrouille- toi pour t’en sortir.
JABER. - Je ferai tout pour être comme le désire mon Maitre.
LE VIZIR. - Vas-y donc !
JABER, hésitant. - Me permet-il un petit souhait avant de partir ?
LE VIZIR. - Demande ce que tu veux.
JABER. - Que ma dame Chams al-Nahar prenne soin de Zoumourroude, sa servante, et qu’on apprête son trousseau de mariage pendant mon absence. LE VIZIR, riant. - Je comprends la raison de ton empressement. C’est donc la passion ! N’aie crainte ! Tu auras ce que tu voudras. Nous en prendrons
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