Page 94 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
V. Rapprochement entre L’Aventure de Jaber et Germinal d’Émile Zola Les habitants de Bagdad, dans L’Aventure de Jaber, partagent un même souci
quotidien avec les mineurs dans Germinal.
a. Quel est ce souci ? (Pour vous aider : Pensez au cri que scandent les
mineurs lors de leur manifestation : Partie V, Chapitre 5)
b. Relevez dans Germinal quelques scènes ou paroles relatives à ce thème.
VI. Rapprochement entre L’Aventure de Jaber et La Terre d’Émile Zola : Ière Partie, Chapitre V. Les classiques de poche, 2017. pp 86-89
- Voyons, dit Fouan, qui est-ce qui va nous lire ça, pour finir la veillée ? ... Caporal, vous devez très bien lire l’imprimé, vous.
Il était allé chercher un petit livre graisseux, un de ces livres de propagande bonapartiste, dont l’empire avait inondé les campagnes. Celui-ci, tombé là, de la balle d’un colporteur, était une attaque violente contre l’ancien régime, une histoire dramatisée du paysan, avant et après la Révolution, sous ce titre de complainte : Les Malheurs et le triomphe de Jacques Bonhomme.
Jean avait pris le livre, et tout de suite, sans se faire prier, il se mit à lire, d’une voix blanche et ânonnante d’écolier qui ne tient pas compte de la ponctuation. Religieusement, on l’écouta.
D’abord, il était question des Gaulois libres, réduits en esclavage par les Romains, puis conquis par les Francs, qui, des esclaves, firent des serfs, en établissant la féodalité. Et le long martyre commençait, le martyre de Jacques Bonhomme, de l’ouvrier de la terre, exploité, exterminé, à travers les siècles. Pendant que le peuple des villes se révoltait, fondant la commune, obtenant le droit de bourgeoisie, le paysan isolé, dépossédé de tout et de lui-même, n’arrivait que plus tard à s’affranchir, à acheter de son argent la liberté d’être un homme ; et quelle liberté illusoire, le propriétaire accablé, garrotté par des impôts de sang et de ruine, la propriété sans cesse remise en question, grevée de tant de charges, qu’elle ne lui laissait guère que des cailloux à manger ! Alors, un affreux dénombrement commençait, celui des droits qui frappaient le misérable. Personne n’en pouvait dresser la liste exacte et complète, ils pullulaient, ils souffraient à la fois du roi, de l’évêque et du seigneur. [...] le roi avait le cens et la taille, l’évêque avait la dîme, le seigneur imposait tout, battait monnaie avec tout. Plus rien
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