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Double mariage A la Nogarède
Les quinze févriers de l’an de grâce 1117, la vallée de la
Nogarède s’éveille sous un ciel d’hiver, le givre couvre encore
les branches de la forêt de la montagne noire
Déjà, les cloches de la petite église romane de Lamagère
vibraient, répondant au maillet de la forge, deux battements
d’un même cœur.
Les bannières de Nogarède et de Lamagère claquent au vent,
rejointes par celles de Montgey, Servian, Mirepoix et
Venasque.
Sur la place, les tables dressées, brillaient au givre léger que le
soleil allait dissiper.
Les filles du village nouent des guirlandes de fleurs aux
colonnes du porche, des garçons grimpés au poutres
accrochent des lampions de terre cuite prêts à flamber le soir
venu. Garcin les mains encore noircies de suies, vérifie
l’alignement des dais. Carole calme et droite, passe entre les
bancs, un mot doux pour chacun, on eut dit que Nogarède et
Lamagère respirait à l’unisson.
Le premier cortège apparut par le chemin de l’Annette.
Pierre Ferrand maintenant âgé de 26 ans s’avance entre
Romain et Raymond, sur sa tunique, Garcin a brodé un discret
marteau, signe de filiation de cœur. A son bras Aliénor de
Carcassonne, robe d’ivoire, manteau bleu clair, portant dans RENA - Les Compagnons Forgerons
ses yeux cette lumière tranquille des femmes éprouvées mais
debout.
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