Page 25 - Bonhams Cornette Saint Cyr, Property from the estate of Jean-Pierre Rousset (1936-2021)
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Bouddha assis abrité par le roi serpent Muchalinda en   Jean-Pierre Rousset dans son appartement à Puteaux,
                 grès gris Cambodge, XIème siècle            années 1990
                 68.58 x 48.26 cm
                 The Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City,
                 Missouri. Purchase: William Rockhill Nelson Trust, 30-26.
                 Photo: John Lamberton.


           Robert a aussi l’esprit de famille. Il invite naturellement son frère   Lorsque Jean-Pierre rejoint officiellement la galerie familiale en
           cadet Léon (1903 - 1994), le père de Jean-Pierre, à venir le rejoindre   1960, il a vingt-quatre ans. C’est un œil déjà averti et intransigeant,
           pour le seconder à la galerie. L’expérience fut cependant de courte   passionné et exigeant sur l’authenticité des pièces. Celui qu’on
           durée car ce dernier, de nature impatiente et plutôt tourné vers le   forme pour reprendre un jour la galerie passe son temps à chercher
           sport, ne supportait pas d’attendre des journées entières l’entrée   des objets d’extrême-orient datant du néolithique au XVIIIème
           dans la boutique d’un hypothétique client. Sacré dix fois champion   siècle. Généraliste dans la spécialité, il a été formé tout à la fois sur
           de France et quatre fois champions d’Europe en motonautique,   la Chine, le Japon, l’Inde, le Népal, le Cambodge, l’Asie du sud-est
           Léon abandonne rapidement la galerie pour se consacrer au sport   et la Corée. Sa préférence ? La sculpture. Qu’elle soit indienne,
           nautique et dans le même temps reprend l’affaire d’assurance de leur  chinoise ou khmère, elle touche particulièrement Jean-Pierre. Il
           père. Leur sœur Suzanne, quant à elle, vient travailler à la galerie.   gère sa collection privée, tout comme celle de la galerie d’ailleurs,
           Elle y restera jusqu’à sa retraite au début des années 70. Célibataire   avec sérieux, méthode et minutie, « à la limite maniaque » selon son
           et sans enfant, elle se dévoue entièrement aux affaires de la galerie.   fils Mike. A l’image de son oncle Robert, Jean-Pierre est un très
           Elle couvre pour son frère Robert quand il est en voyage. Quand   bon gestionnaire, prudent dans les achats et redoutable dans la
           ce dernier, appréhendant l’arrivée des communistes en France   négociation. Sa technique de vente ? L’immédiateté. Lorsqu’un client
           après la seconde guerre mondiale, part de 1959 à 1962 à New York   hésite et propose de réfléchir et revenir le lendemain, Jean-Pierre ne
           pour ouvrir sa galerie « Arts of Asia » située près du Fuller Building,   lui laisse pas le choix. Il lui fait comprendre avec aplomb et conviction
           c’est encore elle qui le remplace à la tête de la galerie parisienne.   que le prix négocié n’est valable qu’aujourd’hui et que demain, il ne
           Sa préférence ? La porcelaine d’export, les « objets alimentaires »   sera plus le même. La règle ? Ne jamais donner d’image de pièce
           comme on disait à l’époque. « Il faudrait vendre deux assiettes famille  et interdire toute personne entrant dans la galerie à photographier
           rose par jour pour faire tourner la boutique », avait l’habitude de dire   les objets. Pour lui, un cliché qui circule sur le marché tue l’objet. Il
           Jean-Pierre à son fils Mike. Sans enfants, Robert prend sous son   passe des heures à compléter les fiches des objets, commentant
           aile ses deux neveu et nièce, les enfants de Léon, Anne-Marie et   indéfiniment sur le style, l’esthétique, la provenance, … Un exercice
           Jean-Pierre. Il aime déambuler avec eux dans les salles d’exposition   quotidien auquel il s’adonne jusqu’à son dernier souffle. Les pièces,
           et les réserves de la galerie, il leur raconte des histoires sur chaque   ils les aiment et les respectent. « Un objet d’art, ça se mérite », avait-il
           pièce tout en leur formant l'œil. Robert transmet son savoir et sa   l’habitude de dire. A la galerie, les chefs-d'œuvre sont dissimulés
           passion à Jean-Pierre qui plus tard fera de même avec son fils   derrière un rideau car seuls les fins connaisseurs peuvent les
           Mike et son neveu Hervé. Former la génération suivante afin qu’elle   admirer, ceux dignes de comprendre et apprécier leur beauté et leur
           puisse reprendre la galerie, tel est l’objectif de Robert. Tel sera plus   importance. L’approche doit être académique et la connaissance,
           tard celui de Jean-Pierre aussi. Parti faire son service militaire à   partout.
           Casablanca au Maroc dans les années 50, ce dernier sera envoyé
           en formation par son oncle à son retour en France chez le grand
           expert en art asiatique et l’ami de toujours, Michel Beurdeley, dont
           les très nombreuses publications sont encore aujourd’hui des livres
           de référence : Mobilier chinois, Porcelaine Qing famille verte, famille
           rose, Porcelaine de la Compagnie des Indes, Céramique chinoise,
           les jeux des nuages et de la pluie - l’art d’aimer en Chine, Giuseppe
           Castiglione - un peintre jésuite à la cour des empereurs chinois, l’art
           érotique du Japon, …



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