Page 115 - Livre "CALAVERAS" de Patrick Bard
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désespérées. Les musiciens accompagnent à  Cette fois, nous ne sommes pas seuls, nous   un monumento de piedra volcánica. Un  siempre tan numerosos como locos.
 l’accordéon et à la guitare de vieux tubes de  sommes cinq mille, dix mille, vingt mille,   tzompantli azteca. Un muro de calaveras  En México, fiesta de los muertos y Halloween
 Jorge Negrete. Des mariachis arpentent les  peut-être plus. Il en arrive encore et encore,   sobre el que se amontonan unos huesos  no se suman, al contrario, se multiplican y

 allées. Des sonos diffusent du reggaeton.  à se demander comment le petit cimetière   humanos, cráneos, fémures, y por encima…  esta última marcha es el macabro estallido
 Des membres de  pandillas reposent ici.  pourra contenir tout ce monde.   una maravillosa cruz cristiana. Esta  final  de los  fuegos artificiales. Es una
 Leur  cuates des gangs sont là aussi. Ils  Il peut.  imagen lo  resume  todo. Todo está  en  competencia  general  de  humor  negro  y
 tirent sur de la cristal-meth déposée sur  Avec une extrême gentillesse, une extrême   ella. Debajo de nuestros pies reposan  hasta macabro: niñas ensangrentadas

 une canette de bière découpée au couteau  prévenance, les visiteurs contournent les   los muertos mexicanos, los de la Colonia  con  un  cuchillo  que  chorrea  sangre,
 sans nous prêter la moindre attention.  familles plongées dans le souvenir de leurs   española, los de la Conquista, los de los  bebés pintados de zombis en sus carriolas,
 Des jeunes filles en bas résilles ou des  disparus. Ici, point de rires, de musique.   aztecas y los toltecas que los precedieron. niños con unas tijeras saliendo  de la
 clowns déjantés brandissent des flingues,  Ou peu. Très peu. Des chuchotements, des   Al  excavar  en  el  monasterio,  los  cabeza, cerebros sanguinolentos, mujeres

 secondés par des petits frères armés de  murmures. Du recueillement. Sur la tombe   arqueólogos encontraron unas estatuas  embarazadas  –de  verdad–  de  cuya  panza
 cuernos de chivo, des kalachnikovs en  d’un enfant récemment trépassé, d’un frère,   de Mixquixtli, diosa de la vida y la muerte,  salen engendros híbridos, vampiros y
 plastique. Des enfants coiffés de bonnets  d’une sœur.   el juego de pelota y una escultura de Chac  monstruos; sigue adelante la procesión
 de sorcières sortis d’un dessin animé  On sort les aliments, les cierges sont   Mool, el dios de la lluvia tolteca, con su  interminable. Desde unos oficiales nazis
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 américain (à l’inverse, « Coco », dessin animé  allumés les uns après les autres. Une épaisse   recipiente en el vientre para las ofrendas y  salidos de la tumba hasta unos dobles
 de Disney met en scène la fête mexicaine  fumée de copal mêlée de suie des chandelles   los corazones de los sacrificados. También  zombis del Subcomandante Marcos, todos
 des morts) courent dans les allées. Ça sent  monte dans l’air saturé de prières.  un calendario azteca de piedra que se ha  acuden al alegre y catártico exorcismo de
 le copal, la bière, la tequila et les tortillas  Pas la moindre bousculade, pas la moindre   convertido en pila de agua bendita. Como  todas las angustias, de todos los terrores

 de maïs, ça sent l’herbe, la marijuana, et la  panique, alors même que nous sommes à   si la Conquista hubiera sido ayer, nomás.  diurnos y nocturnos. Los peores monstruos
 fumée des cigarettes. Tous les trois mètres,  présent plus de vingt-cinq mille sans doute.   Como si estuviéramos en el punto cero de  dormidos en nuestras imaginaciones, los
 nous sommes invités à partager un repas,  Allergiques aux foules, passez votre   la fiesta de los muertos.  que merodean en nuestras pesadillas, ya
 un plat, à boire un verre, adresse ponctuée  chemin !                         no son más que una parodia caricaturesca

 d’un tonitruant « Feliz Día de muertos ! ».   Enfin, nous arrivons au centre du cimetière.   3 de noviembre de 2018. Una vez terminado  y cómica. Lo que salta a la vista en aquellos
 Les ventres sont ronds, les ventres sont  Là, sous la pleine lune, se dresse un monument   el Día de muertos, uno hubiera imaginado  postreros minutos de la fiesta, es su
 pleins, et pas que les ventres.   de pierre volcanique. Un tzompantli aztèque.   que los queridos difuntos regresan a su  función social ultima, quizás la más bella.
 Les morts ont mangé, les morts ont bu, et  Un mur de crânes sur lequel sont entassés   última morada hasta el año siguiente. Para  Acabar con nuestros temores.

 pas que les morts.  des ossements humains, des calottes   nada. Por algún misterio del calendario,  Y ante todo con el más primitivo: el temor
 Le lendemain, dès que le jour décroît, nous  crâniennes, des fémurs, le tout surmonté…   los zombis que invadieron la ciudad a  a la muerte.
 sommes de retour à Mixquic.  d’une magnifique croix chrétienne. En une   finales de octubre de 2016 regresan hoy,   Patrick Bard
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