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LE MOYEN ÂGE
La Défaite Militaire et l’ I néluctable Chute Un Héritage Tragique et Évocateur Malgré l’
La série de défaites s’ a ccumula au fil des absence de victoires éclatantes, l ’ histoire de
années. Confronté à une armée en décompo- Yazdgard III retient l ’ attention par la symboli-
sition et à des troupes majoritairement compo- que de sa fonction : il fut le témoin final d ’ un
sées de conscrits sans réelle formation, Yazd- monde antique qui s ’ effritait sous les assauts
gard III se vit confronté à l ’ inévitable débâ- du temps et de la modernité naissante.
cle. La prise de la capitale, Ctesiphon, en 637 La chute de son règne précipita non seule-
symbolisa le point culminant d ’ un déclin déjà ment la fin d ’ une dynastie, mais également
largement constaté.Dans ces affrontements, la transformation radicale du paysage culturel
l ’ incapacité à stabiliser l ’ appareil militaire et et religieux de la région. La destruction des
administratif de l ’ empire traduisait la margi- temples du feu et la disparition graduelle des
nalisation d ’ un roi désormais démuni face à textes zoroastriens attestent de la disparition
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des enjeux bien trop vastes.
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L ’ Exil et la Fin d ’ un Règne Face à l ’ les conquêtes arabes.
avancée irrésistible des conquérants arabes, Réflexions sur la Fragilité des Grandes Civili-
le règne de Yazdgard III se mua en une suc- sations L ’ histoire de Yazdgard III nous en-
cession de retraites désespérées. igne combien les grandes civilisations peu-
se
Obligé de fuir de région en région, il voyait son vent être vulnérables aux conflits internes et à
pouvoir se déliter au fur et à mesure que sa l ’ émergence de forces extérieures.
capacité à rallier des troupes compétentes Sa vie, aussi courte et tumultueuse soit-elle,
disparaissait. En 651, alors que les tensions symbolise la fin d ’ un âge d ’ or et la naissan-
internes et la pression militaire atteignaient ce d ’ un nouvel ordre. L ’ effritement de l ’
leur paroxysme, le dernier souverain fut as- empire sassanide laisse une leçon intemporel-
sassiné par un gouverneur régional ayant le : même les puissances les plus grandioses
compris, lui aussi, l ’ inéluctable déclin du ne peuvent résister indéfiniment aux boulever-
pouvoir sassanide. estin. Yazdgard III, dernier sou-
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verain de l ’ empire sassanide, fut confronté
avant tout à la montée en puissance des for-
ces arabes unifiées, qui représentèrent l ’
ennemi extérieur décisif de son règne.
L ’ invasion arabe et ses tactiques
Les armées arabes, bien organisées et mobili-
sées par un sentiment de cohésion tribale et