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LE MOYEN ÂGE
d ’ affrontements et de dissensions internes.
Sans la capacité d ’ unir ses nobles et de mo-
biliser une armée compétente, Yazdgard III ne
put faire face à la progression implacable des
envahisseurs. Cette succession de défaites
força le souverain à errer en exil, jusqu ’ à être
finalement assassiné par un gouverneur régio-
nal conscient de l ’ inéluctable déclin de l ’
religieuse, se révélèrent bien plus mobiles et empire.
adaptables que les troupes sassanides.
À travers des batailles déterminantes comme Des conséquences culturelles
celle d ’ Al-Cadicia en 636 et celle de Naa- et administratives profondes
vand en 642, les Arabes exploitèrent non seu- Au-delà de la défaite militaire, l ’ impact des
lement des failles militaires inhérentes à un armées arabes fut aussi synonyme de trans-
empire affaibli par des conflits internes et des formations socioculturelles majeures.
problèmes de recrutement (nombreuses La conquête arabe entraîna la disparition pro-
troupes n ’ étant que des conscrits mal entraî- gressive des institutions traditionnelles sassa-
nés ), mais aussi la dégradation progressive nides, telles que les temples du feu et les tex-
de l ’ appareil administratif sassanide.
tes zoroastriens des symboles forts de l ’
Par une tactique vigilante parfois même profi- identité perse millénaire.
tant de conditions naturelles défavorables Ce bouleversement favorisa l ’ émergence d’
( comme une tempête de sable à Al-Cadicia) un nouvel ordre politique et religieux, basé sur
pour perturber les lignes ennemies ils réussi- l ’ islam, qui allait redéfinir en profondeur la
rent à infliger des défaites répétées et décisi- carte culturelle et administrative de la région.
ves aux forces de Yazdgard III.
Enjeux internes aggravant la situation
Une désintégration accélérée
Il ne faut pas oublier que Yazdgard III était
de l ’ empire
également confronté à des divisions internes.
La défaite militaire face aux Arabes eut un im- La fragmentation de la noblesse et l'absence
pact immédiat et radical sur la structure de l’ d ’ une unité politique lui permirent de ne pas
empire. La prise de la capitale, Ctesiphon en opposer une résistance efficace à l ’ ennemi
637, symbolisa l ’ effondrement du pouvoir arabe.
central et fut le coup de grâce pour une armée Tandis que ces dissensions internes minaient
déjà fragilisée par des décennies le pouvoir central, les forces arabes pouvaient