Page 361 - Desastre Toxicomanie
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Documents annexés

                      Les souris privées de leurs récepteurs  CB  ne s’auto-
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                   administrent plus de morphine, montrant qu’elles n’en perçoivent
                   plus les effets « appétitifs », dits encore de « récompense ». Si de
                   plus on leur administre de façon répétitive (semi-chronique) de
                   la morphine, à l’arrêt de ces administrations elles ne présentent
                   pas le syndrome physique d’abstinence. Ainsi l’absence des cibles
                   du THC empêche de développer tant une dépendance psychique
                   qu’une dépendance physique à l’héroïne. À l’opposé on imagine
                   aisément que la stimulation réitérée des récepteurs CB  par le THC
                   facilite le développement de ces dépendances.      1
                      Chez un animal rendu dépendant au THC, par son administration
                   semi-chronique, on peut précipiter un syndrome d’abstinence en
                   lui administrant un antagoniste des récepteurs opioïdes de type
                   mu (la naloxone). De façon quasi réciproque on peut, chez un
                   animal rendu dépendant à la morphine, précipiter un syndrome
                   d’abstinence  en lui administrant  un antagoniste  des récepteurs
                   CB  (le rimonabant)…
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                      Les  expressions dont  vous usez  n’ont,  à  mon  avis,  pas  leur
                   place  dans  un  journal  comme  «  La  Recherche  »,  peut  être  les
                   supporterait-on  encore  dans  des  meetings  électoraux  ?  :  «  plus
                   personne… ; le dit tout net… ; exit donc l’escalade, théorie dénuée
                   de toute base scientifique... ; une relation de cause à effet étant
                   exclue  »…  Ce  sont  là  autant  d’affirmations  péremptoires,  sans
                   preuve, vouant les opinions contraires aux gémonies.
                      Divers arguments paraissent de nature à différencier le niveau
                   de dangerosité des deux médicaments utilisés pour la substitution
                   aux opiacés. Ces arguments ne tiennent, bien sûr, que dans le cadre
                   d’un  usage  en  parfaite  conformité  avec  les  conditions  définies
                   par l’AMM. Le mésusage, qu’il ne faut pas ignorer, expose, par
                   définition,  à  des  effets  imprévisibles  et  souvent  sévères,  voire
                   mortels. Toutefois, beaucoup d’auteurs, en France, qu’ils soient
                   psychiatres ou réanimateurs placent la méthadone à un niveau de
                   toxicité supérieur à celui de la buprénorphine. Il paraît utile d’en
                   analyser les différentes raisons.
                      Vous prétendez « usage récréatif  et toxicomanie  relèvent de
                   deux mondes différents », ignorant superbement que c’est dans ce
                   premier vivier que se recrutent les victimes de l’autre.


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