Page 4 - LA MUSIQUE et la DANSE_Spread
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sérénité, nous plonger dans le calme et la paix intérieure ?
Voilà quelques hypothèses concernant le maniement de l’information musicale
dans ses dimensions sonores et esthétiques selon lesquelles j’ai composé ISIHIA,
air antique pour soprano et piano.
Sur le plan dramatique j’ai choisi une structure AB, deux mouvements à
caractères différents, Récitatif & Air genre très présent dans la musique baroque
et aussi dans les cantates et les opéras.
J’ai imaginé un climat spectaculaire
réalisé grâce aux nuances forte, à la
présence des accords massifs aux
sonorités andalouses en arpegiato,
rappelant la guitare, et alternés selon
un rythme typiquement espagnol.
Cet exotisme rapproché, selon les
acquis culturels européens, est
censée évoquer une atmosphère,
ibérique, tendue, de nature
désertique en mesure de nous transporter dans un autre espace-temps. La voix,
seule, dans le registre aigu, enchaîne des notes rapides, des montées et des
descentes dont le dessin linéaire et cursif, contraste avec les blocs sonores des
accords assurant ainsi un dialogue équilibré avec le piano dans le cadre d’un
conflit fermé.
Le résultat envisagé est un moment musical fort, dionysiaque, dont la fonction
est la création d’une nouvelle réalité esthétique dans l’imaginaire du public. Cette
réalité, qui se veut brutale de par sa brièveté, densité et puissance sonore, crée le
besoin d’un discours compensatoire. Elle a induit dans le vécu de l’auditoire un
stress statique qui habituellement est dilué ensuite dans une musique plutôt légère,
de mouvement régulier, cadencée par un rythme anodin et discret, modéré ou
alerte, inspiré par la danse ou la marche.