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À l’intérieur, la voûte en berceau est bordée de bas-côtés à grandes arcades et tribunes. Comme dans toutes les églises de pèlerinage, il était essentiel de faciliter la circulation autour du chœur.
Accessible à différents moments pour les clercs ou pour les laïcs, le déambulatoire – et la suite des chapelles rayonnantes – permettait de s’approcher de l’espace le plus sacré.
afjet - Carnet de Voyage n°23 - Hiver 2023 association française des journalistes et écrivains de tourisme
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d’art & d’histoire
Des chapiteaux originaux
Tout autour de la nef de ND du Port, les sculptures et les chapiteaux n’étaient pas disposés au hasard. On sait même que certains renfermaient des reliquaires. Là où notre œil ne voit le plus souvent qu’une fonction décorative, nous oublions le désir de magnificence du lieu de culte en suivant une liturgie complexe.
À l’origine rehaussés de peintures polychromes (comme le reste des murs), les ornements présentaient des motifs végétaux, géométriques, à figures, puis deviendront plus complexes. Ce sont les chapiteaux historiés qui
sont les témoins de l’inventivité exaltée des ar tistes romans. Les scènes bibliques y sont identifiables. Souvent moralisatrices, elles enseignent les vertus chrétiennes ou mettent en garde contre les horreurs de l’enfer qui attendent les pécheurs.
Sur l’un d’entre eux, l’humour s’invite là où on ne l’attend pas : quand Adam et Ève sont chassés du paradis, l’ange tire Adam par la barbe mais, pour ne pas être le seul coupable, c’est Adam qui attrape Ève par les cheveux afin qu’elle le suive. Une autre sculpture attire l’attention : Une Vierge allaitant l’Enfant Jésus. Comme on ne trouve aucune mention de l’allaitement de Jésus par sa mère dans les Évangiles, cette représentation est peu fréquente dans l’art sacré médiéval (mais le deviendra à la Renaissance italienne). Croiser une image de la Vierge dans cette attitude peut sembler d’une banale humanité tout comme celle de sa représentation (très rarement et tardivement) enceinte. La portée est, bien sûr, théologique. Elle permet d’ancrer l’idée de l’Incarnation. La mère et l’enfant sont alors dans la réalité humaine, dans laquelle le spectateur du Moyen Âge peut se reconnaître.u