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Arnaud Collignon, Chargé de mission Énergie à Inter-Environnement Wallonie
Repenser notre modèle
économique est devenu
la première urgence
environnementale
La base de la dégradation massive de notre environnement repose sur un constat:
nous consommons trop les ressources de la Terre et nous dégradons sa capacité à
les produire… Bref nous vivons au-dessus de nos moyens depuis bientôt un siècle.
Cela nous impose de remettre en question la manière même dont sont organisées
les sociétés humaines.
Sortir de la société de consommation de masse l’obsolescence programmée qui diminue la durée
«On ne peut plus baser l’économie sur l’extraction de vie physique de nos biens de consommation et
de matières et d’énergie fossile, on ne peut plus faire nous pousse à les remplacer davantage.
comme s’il n’y avait pas de limites. Il n’y a pas de so-
lution au niveau de consommation des ressources où Fixer des règles de marché et réimposer
nous somme» disait Jacques Crahay, président de l’arbitre
l’Union Wallonne des Entreprises, en septembre Mais le fait de vouloir toujours plus (une plus
2019. grande maison, avec plus d’objets et des vacances
Le lien entre épuisement des richesses de notre plus éloignées…) n’est-il pas inhérent à l’Homme?
planète et «société de consommation» est évident. C’est un débat philosophique qu’il n’est pas pos-
Selon la définition donnée sur Wikipédia, ce «sys- sible de trancher. Notons toutefois que si l’individu
tème économique et social est fondé sur la création n’est pas capable de se limiter individuellement,
et la stimulation systématique d’un désir de profiter il est capable de déléguer à la collectivité la res-
de biens de consommation et de services dans des ponsabilité de fixer un cadre qui ne favorise pas,
proportions toujours plus importantes» . voire qui régule ses comportements. Cela vaut à
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La publicité est au centre du système. Elle est fortiori pour les entreprises à condition qu’elles
chargée de faire émerger en l’homme consomma- soient toutes soumises aux mêmes règles. Notons
teur ces nouveaux «désirs» et de nous persuader également que la capacité individuelle de se régu-
que le t-shirt fluo que nous portions l’année passée ler face à une situation de danger est indéniable.
n’est plus mettable cette année. Résultat, la durée Le respect des règles de confinement suite à la
de vie d’un t-shirt est aujourd’hui de 35 jours! Ce crise sanitaire du Covid-19 est l’illustration récente
qui vaut pour les t-shirts vaut également pour les de notre capacité à accepter une limitation de nos
services. De nouvelles habitudes de consomma- libertés pour l’intérêt collectif.
tion comme le commerce en ligne livré à domicile Ce constat plaide pour un retour progressif de
augmentent également notre impact environne- l’État. Hélas celui-ci a perdu sa capacité d’arbi-
mental , sans parler des nouvelles habitudes en trage et de régulation des comportements suite
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matière de tourisme (city trip…). notamment aux révolutions néolibérales des an-
D’autres éléments sont à l’œuvre pour per- nées 80. Mais il a aussi loupé le train de la mon-
mettre une croissance infinie des consommations: dialisation. Les entreprises transnationales se sont
n° 155 | juin 2020 éduquer 21