Page 43 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
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L’aménagement du territoire peut-il être démocratique ?
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du gaz). L’existence de ces réseaux était nécessaire, et suffisante, pour fournir le service urbain. Désormais, dans un contexte où la révolution numérique a eu lieu et où le développement durable privilégie la sobriété, ce qui devient clef pour fournir le service urbain, c’est la capacité à adresser l’individu et à activer la multitude, ainsi qu’à bénéficier de l’hybridation sectorielle par des circuits courts.
Temps réel
Un transporteur public national promet de fournir «l’info trafic en temps réel» ; une start-up lyonnaise suggère : « Pour faciliter votre stationnement, retrouvez les emplacements et les disponibilités en temps réel ». L’ajout de ce quali- ficatif réel à un temps qui n’est pas irréel est emprunté au langage informatique : les « systèmes informatiques temps réel » ne doivent pas simplement délivrer des résultats exacts, ils doivent les délivrer dans des délais imposés.
L’émergence de ce terme dans le champ de la ville témoigne du fait que les temps des usagers de la ville sont de plus en plus différenciés (la notion d’heure de pointe a presque disparu) et que les nouveaux systèmes techniques (notamment les capteurs et surtout les smartphones qui permettent des informations montantes et descendantes, instantanées et localisées) rendent possible un
« monotoring » permettant d’opti- miser en continu les flux dans la ville en jouant sur cette différen- ciation des temps. Il devient ainsi possible d’appliquer à l’ensemble des flux de la ville les mécanismes d’effacement bien connus des énergéticiens : la réduction de quelques pourcents des pics d’embouteillage par une meilleure connaissance de l’état du trafic (voire avec des mécanismes
tarifaires incitatifs incitant finan- cièrement à différer un dépla- cement) permet ainsi d’éviter beaucoup de pertes de temps, de pollution et d’énervements, mais elle permet surtout d’éviter une nouvelle rocade sur un périphé- rique et plus largement, couplée à l’activation de la multitude, d’ajuster en permanence l’offre et la demande d’infrastructures.
© Sophie Knapp


































































































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