Page 71 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
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de la première. Faisant peut-être de nécessité vertu, mais pas seulement, les jeunes ne rêvent pas tous de l’emploi à vie dans une entreprise à l’ancienne ! Et ils font plus confiance à leurs pairs et à leurs réseaux personnels qu’aux institutions.
C’est le projet qui fait le territoire, et pas l’inverse
Puis trois témoignages ont permis, dans une belle complémentarité, de donner chair aux idées générales que nous voulions mettre en débat. Christophe Chevalier a montré comment, avec pragmatisme et créativité, brouillant la frontière entre économie sociale et solidaire et économie marchande ordinaire, il n’y avait pas de territoire condamné, aussi durement touché soit-il. Encore un bel exemple de mon slogan favori : «C’est le projet qui fait le territoire, et pas l’inverse ». Avec Coopaname, Stéphane Veyer a montré que l’innovation pouvait être aussi et d’abord sociale et que de nouveaux compromis pouvaient s’inventer entre sécurité et désir d’indé- pendance, ou plutôt refus de la hiérarchie traditionnelle des entre- prises classiques. Enfin, Georges Jobard, présentant Clextral, entre- prise de mécanique de Firminy, la seule entreprise « classique » de l’échantillon, a bluffé tout le monde en montrant combien classique pouvait aussi rimer avec créativité,
L’aménagement du territoire peut-il être démocratique ?
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CLEXTRAL A SU JOUER LA STRATÉGIE DE LA NICHE GLOBALE.
tant technique que stratégique et sociale. Son intervention a résumé tous les thèmes essentiels de la session : importance cruciale de l’innovation, non pas, dans le cas présent, au sens traditionnel de la haute technologie descendant du labo vers l’atelier, mais comme résultante de la curiosité en éveil et de la transversalité entre métiers ; « l’ amour de la différence » comme clé de la réussite internationale, dans une PME où l’on parle 17 langues ; la force de la confiance « fondée sur la cohérence » ;
le rôle-clé du territoire comme appui et ressource, antidote à l’isolement ; la stratégie de niche globale, carte maîtresse à jouer pour les entreprises françaises, à l’instar des firmes allemandes. Des champions cachés comme cela, il en existe en France plus qu’on ne croit, mais sans doute pas assez, dans notre pays constitué de grands groupes et de mécanos industrialo-financiers décidés à Bercy, parfois légèrement à côté du « monde réel », pour reprendre l’expression favorite de M. Jobard.
cf. IHEDATE l’Annuel 2015, Entretien avec Christophe Chevalier,
https://www.ihedate.org/annuel_2015.pdf
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