Page 13 - IHEDATE - L'annuel 2017
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Les territoires et le monde
Il illustre son propos par un exemple très simple : celui des géants qu’on trouve dans les contes. Prenons, pour simpli er les calculs, un homme qui mesure 2 mètres et pèse 100 kilos, et multiplions toutes ses dimensions par 10. On obtient un géant de 20 mètres de haut. Dans le même temps sa masse, proportionnelle à son volume, a été multipliée par 1 000 : il pèse donc 100 000 kilos, ou 100 tonnes. La section de son fémur, quant à elle, est une surface qui s’est trouvée multipliée par 100 : cela signi e que la force qui s’exerce, du fait de la pesanteur, par unité de surface de cette section a été multipliée par 10 (1000/100). Il en résulte qu’au premier pas que fera le géant, sa jambe se cassera.
C’est pourquoi les géants n’existent que dans les contes. Le monde n’est pas invariant par changement d’échelle.
À partir de tels raisonnements, le biologiste écossais D’Arcy Thompson a montré que pour de simples raisons de physique, la dimension ne saurait être considérée comme un paramètre secondaire dans la caractérisation d’une forme vivante : la taille détermine dans une large mesure le type d’organi- sation possible (par exemple, il est impossible pour un insecte ou un arachnide d’avoir un corps de plus d’un centimètre d’épaisseur, etc.).
Certes, sciences et techniques peuvent nous permettre de surmonter certaines limites. Mais il ne faut pas oublier que l’être humain, quant à lui, garde des dimensions et des facultés inchan- gées. C’est de cette manière qu’on peut comprendre ce qui paraît, de prime abord, un paradoxe : que les êtres humains puissent nir par se sentir perdus dans un monde qu’ils ont eux-mêmes façonnés.
UNE QUESTION DE TAILLE,
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L’ambition d’imprimer un ordre humain à la matière
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