Page 23 - IHEDATE - L'annuel 2017
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Les territoires et le monde
et la campagne, à travers des corridors reliant les différents espaces », explique Philippe Clergeau. La trame verte est déjà à l’œuvre depuis les années 1990 dans de nombreux pays. Alors que les enjeux d’une trame verte sont d’abord écologiques - favoriser la dispersion des espèces et donc le maintien des populations animales et végétales -, en milieu urbanisé ces enjeux sont davantage dirigés vers les citadins que vers les espèces. La préservation de la nature en ville répond à des préoccupations de quali- té de vie, de régulation de la pollution et de santé, un point auquel les collectivités sont particulièrement sensibles. L’impact des sols et de la végétation sur le microclimat urbain, la  xation des particules ou l’infiltration des eaux de pluie deviennent ainsi des arguments majeurs pour développer un verdissement urbain.
Une ville «ajustable»
En ville, la trame verte est composée d’habitats, comme les parcs, et de continuités écologiques, comme le bord des rivières. Les travaux de Philippe Clergeau ont mis en lumière que cette organisation fonctionne pour de nombreuses espèces. Mais la sauvegarde et la restau- ration de continuités y sont beaucoup plus dif ciles qu’en milieu rural du fait des contraintes du foncier et de l’usage des sols. Les jardins privés peuvent jouer un rôle important dans la mise en œuvre et le maintien de la trame verte. La participation de tous les acteurs du territoire est donc indispensable. Les plans de trames vertes doivent dépasser la conservation naturaliste pour devenir des outils de plani cation. «C’est en amont des projets que les diagnostics écologiques doivent apparaître et non plus comme une contrainte à l’aménagement», insiste l’écologue. Les espaces verts ne doivent plus être considérés comme des vides, mais comme des éléments fondamentaux de l’organisation des villes.
La durabilité renvoie à une notion chère à Philippe Clergeau, celle de «ville ajustable» : «Il faut s’ouvrir à des formes de souplesse parce qu’il va falloir gérer l’incertitude liée aux changements climatiques et au
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poids que l’homme fait peser sur la Terre. Nous devons être capables de nous ajuster aujourd’hui mais aussi dans un futur plus ou moins proche. Et la nature dans la ville est un des leviers pour y parvenir.»
Eviter, réduire et compenser
Evaluer l’impact des projets d’aménagement dans leur ensemble en prenant en compte la nature n’est pas un projet nouveau. Bien avant la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature avait déjà pour objectif d’inscrire des principes forts dans le code de l’environnement. La séquence «éviter, réduire et compenser » y était déjà présente. L’économisteHaroldLevrel étudiedepuislongtemps les enjeux liés à la compensation écologique, un outil
AU SEIN DE LA VILLE DURABLE, LES MEULES RÉALISÉES AVEC DES HERBES FAUCHÉES FORMENT UN ÉCOSYSTÈME ABRITANT DES PETITS ANIMAUX.
La séquence « éviter, réduire et compenser » s’inscrit dans une démarche de développement durable et vise à assurer une meilleure prise en compte
de l’environnement dans les décisions publiques : http://www.developpement-durable.gouv.fr/eviter-reduire-et-compenser-impacts-sur-lenvironnement#e1 H. Levrel, N. Frascaria-Lacoste, J. Hay, G. Martin, S. Pioch, Restaurer la nature pour atténuer les impacts du développement. Analyse des mesures compensatoires pour la biodiversité, Collection Synthèses, Editions Quae, 2015.
© Sophie knapp


































































































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