Page 54 - IHEDATE - L'annuel 2017
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FRANCESCA ARTIOLI, MAÎTRESSE DE CONFÉRENCES EN AMÉNAGEMENT ET URBANISME, ÉTUDIE LA RÉGULATION DES PLATEFORMES NUMÉRIQUES.
Airbnb,
une malédiction pour les villes ?
En quelques années, les plateformes de location immobilière - et notamment la plus connue, Airbnb - ont révolutionné la location de tourisme. Elles ont aussi profondément bouleversé le marché du logement des villes touristiques, contraignant les acteurs publics à inventer de nouvelles formes de régulation.
Les chiffres donnent le tournis. L’année dernière, en France, 8,3 millions de voyageurs, dont 41% d’étrangers, ont eu recours au leader de la location touristique. Paris (43800 annonces), New-York (32200 annonces) et Londres (24100 annonces) constituent le trio de tête des villes Airbnb.
«Airbnb et consorts ont pris place dans un mouve- ment de fond préexistant, celui de la mise en marché d’un tourisme qui se veut plus authentique et propose de vivre comme un local, analyse Francesca Artioli, maîtresse de conférences en aménagement et urbanisme à l’université Paris Est-Créteil. Dans un contexte de crise économique, la possibilité de mettre son logement en location sur de courtes périodes, et donc d’accroître ses revenus, a aussi favorisé le développement rapide des plateformes. » Si Airbnb communique largement sur la démocratisa- tion du voyage ou les nouvelles formes de sociabilité qu’il génère, l’entreprise oublie soigneusement d’évo- quer les effets négatifs de son activité, pourtant parti- culièrement visibles dans les villes très touristiques.
La réalité des stratégies spéculatives
«Il y a une question de fond, essentielle, qu’il convient de poser : qui sont les gagnants et qui sont les perdants dans ce processus ?, souligne Francesca Artioli. L’idée de départ – des gens normaux qui louent leur logement entier ou juste une chambre pour arrondir leurs  ns de mois – ne re ète pas
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