Page 38 - IHEDATE l'annuel 2015
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LES DOCKS DE SAINT-OUEN :
310 000 M2 DE BUREAUX EN COURS DE CONSTRUCTION.
Et ils préfèrent des baux très longs proches des emprunts à dix ans, ce qui a favorisé et peu à peu imposé un standard du bail à 9 ans. Cette industrie est aussi très mal à l’aise pour soutenir la location auprès des petits groupes pour des questions de gestion du risque et de gestion des coûts opérationnels.
Ces préférences et ces standards sont de plus en plus absorbés, souvent de façon invisible, par les autres acteurs de la production urbaine. Ainsi, les promoteurs intègrent ces standards parce que leur client final, ce n’est pas l’entreprise qui va s’installer dans l’immeuble, c’est la société d’inves- tissement qui va acheter l’immeuble. Et à travers les représentations de marché et le rôle
concernant les docks de Saint- Ouen, la municipalité souhaitait mutualiser les parkings pour qu’il n’y ait plus de parking privatif. Le
que les investisseurs considèrent que cette région, et notamment le triangle Paris - La Défense - Boulogne, est moins risquée que le reste du territoire.
Dans ses travaux, Ludovic Halbert a mis en évidence que ces acteurs quasi invisibles de la production urbaine avaient un rôle majeur dans la transformation des régions métropolitaines. En démontrant les effets de sélectivité très puissants qu’ils mettent en œuvre et qui interrogent le rôle des municipalités, Ludovic Halbert pose la question : à quoi sert une politique publique ? Et quelles sont aujourd’hui ses capacités à peser face cette l’industrie de l’investissement ?
des promoteurs,
les opérations d’aménagement se
retrouvent face à
un marché struc-
turé selon des
normes dictées
en coulisse par les fonds d’inves- tissement.
Au final, les collectivités se retrouvent à négocier les attentes et les préférences des gestion- naires d’actifs qui ne sont pas présents directement, mais qui sont représentés par le promoteur. Ainsi, dans le cadre du projet
promoteur s’y est opposé, arguant qu’il ne pourrait jamais faire accep- ter à l’investisseur qu’il n’y ait pas de parking privatif. Après négociation,
une partie des parkings a été privatisée. En termes de localisa- tion, l’influence des investisseurs se fait également ressentir très fortement. A l’échelle nationale, cette industrie concentre 75 % de ses investissements en région francilienne. Il y a une hypercon- centration en Ile-de-France parce
Les investisseurs aiment que leurs immeubles fonctionnent comme des obligations.
HORIZON 2020 : QUATRE SCÉNARIOS POUR L’ÉCONOMIE
DE LA MÉTROPOLE PARISIENNE, Frédéric Gilli, Vincent Gollain, Ludovic Halbert, Hélène Perrin Boulonne, La vie des idées, 2009.
VILLES, RÉSEAUX ET MONDIALISATION, Ludovic Halbert, Cahiers français, La Documentation Française, 2005.
www.laviedesidees.fr
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© Sophie knapp
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