Page 31 - Annuel 2018
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qui ne disposent pas d’un logement stable et qui n’ont pas de droits ouverts à l’assurance maladie. Aujourd’hui, cela représente 35% des femmes enceintes à Saint-Denis. »
Faire valoir ses droits
Il y a une quinzaine d’années, les professionnels concernés de Saint-Denis ont constaté que les Dionysiens en situation de précarité rencontraient des dif cultés à faire valoir leurs droits en matière de santé. Faute de moyens nanciers suf sants, ils renonçaient à se faire soigner. Pour répondre à ce problème, la ville de Saint-Denis a entamé depuis 2005 une démarche d’Atelier santé ville. L’ASV santé-précarité a vu le jour à la suite d’une expérience de terrain faite par Marie-Anne Mazoyer : «A l’époque, j’essayais de mettre en place des projets de prévention dans les quartiers, avec les habitants et les professionnels. Je voyais toutes les semaines des gens avec des pathologies extrêmement graves qui se soignaient trop tardivement». Un groupe de travail se monte alors avec les associations sur le terrain, les PMI mais aussi les institutionnels comme l’hôpital et la Caisse primaire d’assurance maladie. Ensemble, ils ré échissent à un meilleur accès à la prévention, aux droits et aux soins des personnes en situation de précarité.
Le premier diagnostic s’est porté sur les freins et les leviers de l’accès aux droits et aux soins. Le groupe de travail de l’ASV a relevé une méconnaissance des droits et des structures existantes pour se faire soigner. Les personnes n’allaient pas à la CPAM et ne remplissaient pas les dossiers d’aide médicale. A cela s’ajoutait souvent l’absence de domiciliation et la barrière linguistique. « Nous avons mis en place des permanences d’aide pour remplir les dossiers de couverture maladie au centre communal d’action sociale puis par la suite aux centres municipaux de santé », détaille Marie-Anne Mazoyer.
Avoir une adresse est obligatoire pour toute ouverture de droits en matière d’accès aux soins. L’absence de domiciliation constitue donc un frein majeur dans les parcours d’accès aux soins des personnes en grande vulnérabilité sociale. Sous l’impulsion de l’Atelier santé ville, le CCAS a mis en place un service de domiciliation, facilitant ainsi l’accès aux droits à la santé et donc l’accès aux soins.
Territoires, santé, bien-être
31 édition 2018 GLOSSAIRE
AME : l’aide médicale de l’Etat est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de béné cier d’un accès aux soins.
ASV : l’atelier santé ville est à la fois une démarche locale et un dispositif public qui se situe
à la croisée de la politique de la ville
et des politiques de santé. Son objectif
est de contribuer à la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé.
CCAS : centre communal d’action sociale
CLS : les contrats locaux de santé
ont pour objectifs de réduire les inégalités sociales et territoriales de santé et de proposer des parcours de santé plus cohérents
et adaptés à l’échelon local.
CMU : la couverture maladie universelle facilitait l’accès aux soins et le remboursement des frais de santé à toute personne résidant en France
de façon stable et régulière et n’étant pas déjà couverte par un régime d’Assurance maladie obligatoire. Elle a été remplacée par la protection universelle maladie (PUMa).
CMU-C : la couverture maladie universelle complémentaire est une protection complémentaire santé gratuite attribuée
sous conditions de résidence et de ressources.
Pass : les permanences d’accès aux soins
de santé proposent un accueil inconditionnel
et un accompagnement dans l’accès au système de santé des personnes sans couverture médicale ou avec une couverture partielle. Leur rôle est de faciliter l’accès aux soins des personnes démunies et de les accompagner dans les démarches nécessaires à la reconnaissance de leurs droits.