Page 59 - Annuel 2018
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Territoires, santé, bien-être
59 édition 2018
L’URBANISATION ET L’ALLONGEMENT DES CHAÎNES ALIMENTAIRES ONT DISTENDU LE LIEN ENTRE PRODUCTION ET CONSOMMATION ALIMENTAIRE. MAIS LA MONTÉE EN PUISSANCE DES PRÉOCCUPATIONS SANITAIRES ET ENVIRONNEMENTALES CHANGE LA DONNE.
De la question des subsistances de l’Ancien Régime à la préoccupation « nutrition-santé » contemporaine, Bertrand Hervieu aborde les évolutions des politiques de l’alimentation. La politique agricole commune (PAC) s’est construite avec l’ambition d’assurer la sécurité alimentaire de l’Europe grâce à une spécialisation des exploitations et un développement des industries agro-alimentaires. Mais face aux crises sanitaires et environnementales surgissent de nouvelles exigences en matière de nutrition et de développement local. Pour Jean-Louis Rastoin, la transition alimentaire à l’œuvre marque le passage d’un modèle agro-industriel généra- teur d’externalités négatives à des systèmes alimen- taires durables. Mais cette transition suppose plusieurs ruptures - spatiale, technologique et économique - et implique une révision en profondeur des modes de gouvernance des systèmes alimentaires à différentes échelles géographiques.
Dubuisson-Quellier analyse les nouvelles pratiques et militances qui remettent en cause certains principes des systèmes alimentaires contemporains, comme le partage de la rente au sein des  lières, la dépendance des acteurs de l’amont, la globalisation des goûts ou encore les externalités négatives sur l’environnement. Du côté des individus, Pascale Hébel montre la rapidité des changements de représentation et de pratique au  l des générations. Elle pointe la montée des peurs alimentaires, un phénomène qui favorise le «locavo- risme » et les circuits courts.
Proposer une alimentation de qualité sur le territoire à travers des magasins de proximité, telle est depuis 1995 la vocation de la coopérative « Fermes de Figeac » dont Pierre Lafragette est le président. Un mouvement qui s’est poursuivi avec la mise en place d’une gouver- nance alimentaire locale en lien avec tous les acteurs du territoire : consommateurs, distributeurs, restaurateurs, métiers de bouche, producteurs. Aujourd’hui, l’activité de la coopérative représente plus de cinq millions d’euros de chiffre d’affaires et une trentaine d’emplois. Elle montre que la relance du développement des territoires passe aussi par la transition agricole et alimentaire. Une relance que la méthode RESOLIS présentée par Henri Rouillé d’Orfeuil permet de mesurer à travers l’analyse des interactions entre des initiatives de transi- tion portées par des acteurs des chaînes agricoles et alimentaires, et des mesures de politiques publiques dédiées à la transition. Deux visites proposées aux auditeurs permettent de porter un regard concret sur deux expériences d’agriculture urbaine à Paris, avec le potager expérimental sur le toit d’AgroParisTech et « La caverne du 18e », une ferme urbaine installée dans un sous-sol parisien.
Pour répondre à ces évolutions, les Etats généraux de l’alimentation (EGA) de 2017 ont mis en avant des modèles de production et de nutrition dans le respect sanitaire, écono- mique et écologique. Loïc Gouëllo et Vincent Steinmetz reviennent sur la feuille de route 2018-2022 marquée par la volonté de redonner de la valeur au monde agricole tout en promouvant une alimentation saine et durable. De son côté, Guillaume Garot rappelle le rôle du conseil national de l’alimentation (CNA) dans la concertation autour des politiques publiques de l’alimentation et ses enjeux : garantir plus de qualité dans l’assiette du consommateur et assurer davantage de revenus aux producteurs, en soulignant le rôle crucial de l’éducation à l’alimentation.
De nombreux mouvements militants ont vu le jour depuis le début des années 2000, contribuant à la création de systèmes alimentaires alternatifs. Sophie
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