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 mais nous y avons ajouté la notion de finitude des ressources devant laquelle la société extractive est sans réponse.
On citera, entre autres, Eugène Huzar 8 (1855) :
« Et qui vous dit qu’un jour, le désastre, la catas- trophe que vous amènerez fatalement par votre or- gueilleuse civilisation ne seront pas tels qu’il ne pourra plus y avoir de remède ? ».
Plus précurseur, George Perkin Marsh, peu connu en France mais influent dans la pensée an- glo-saxonne de la fin du XIXème et début du XXème siècles :
« L’homme a trop longtemps oublié que la terre lui était donnée uniquement en usufruit, non pas pour la consommation encore moins pour le gaspillage excessif. » 9
Ou encore :
« La terre est en train de devenir rapidement une maison impropre à son plus noble habitant, et une nouvelle ère de criminalité humaine et d’impré- voyance humaine (...) la réduirait à un tel état d’ap- pauvrissement de ses productions, de destruction de sa surface, d’excès climatique qu’elle serait me- nacée de dépravation, et barbarie et peut être d’ex- tinction ». 10
Des alertes ont donc été données régulièrement et de manière de plus en plus pressante. Elles n’ont pas encore généré, dans les faits, les réponses col- lectives radicales qui seraient nécessaires ; certes des améliorations ont été apportées dans les textes et les procédures :
on parle d’impact sur l’environnement, de compen- sation, de réparation, de concertation, de solutions fondées sur la nature. La pensée philosophique, et une part de la société, se sont emparées de ces su- jets ; mais la manière d’envisager collectivement la place de l’homme dans l’écosphère n’a pas encore été remise en cause : pour bon nombre d’entre nous même si l’arbre de l’évolution s’est transformé en buisson, l’homme reste encore en haut de la pyra- mide !
Il y a trois urgences contemporaines à traiter : - le changement climatique,
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DES CHOIX ÉNERGÉTIQUES À L’HUMANISME ÉCOLOGIQUE, RÉÉCRIVONS NOS RÉCITS FONDATEURS
2.2
« DU CÔTÉ DES HUMAINS »
- l’incompatibilité entre la finitude de nos res- sources, et la rapidité avec laquelle nous les consommons,
- les inégalités sociales.
Les coups de butoir d’une prise de conscience gran- dissante, de penseurs actifs qui s’expriment large- ment dans les médias (auxquels d’aucuns rajoute- raient la crise du COVID 19) vont-ils enfin réduire notre cécité et nous faire repenser notre place d’Homme dans le monde vivant ?
L’humanisme qui a mis à distance la pensée dog- matique pourra-t-il nous y aider en reformulant les « valeurs humaines » ?
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 Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P57
2.2.1 L’HOMME EN POSITION DE DOMINATION, À L’ORIGINE DE LA CRISE ÉCOLOGIQUE














































































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