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croyances au savoir : l’éducation, des filles en parti- culier, et le planning familial sont à développer sans relâche.
Et bien sûr ; il serait temps d’abandonner les der- nières politiques natalistes, survivances des temps de guerre : face aux armes modernes, la chair à ca- non ne fait plus le poids.
Ensuite où habiter ? Les premières villes se sont développées dans des régions à l’eau abondante et aux terres fertiles, on y a ensuite développé l’artisa- nat puis l’industrie et enfin les services. De nom- breux « spécialistes » aveuglés par les lumières du passé nous expliquent que dans un mouvement ir- réversible quasiment toute la population mondiale vivra prochainement dans des mégapoles.
Les humains stockés en hauteur dans du béton ma- quillé de plantes vertes seront ravitaillés par des autoroutes chargées de camions autonomes ali- mentés par des fermes et usines robotisées qui seules peupleront la nature devenue hostile à l’homme cloîtré dans un univers artificiel.
Abandonnons vite cette vision cauchemardesque du futur et ne laissons plus se répandre une humanité sans tête, mais au contraire choisissons où habiter et vivre, où cultiver, quoi et où produire, pourquoi et comment circuler.
Pourquoi entasser les humains dans des garde-manger pour virus ?
Pourquoi concentrer les besoins en énergie, eau et nourriture dans un espace réduit ?
Pourquoi y développer des centres d’affaires alors que nos moyens de communication n’impliquent plus une présence physique ? Ne peut-on pas sortir définitivement du management par la surveillance et se concentrer sur le management par le résul- tat?
Faut-il se voir, se juger sur l’apparence, le nom, le sexe ou la couleur de peau pour travailler ensemble ?
Les multinationales ont depuis longtemps des bu- reaux partout dans le monde mais n’ont pas encore franchi l’étape des affaires sans bureaux.
La vision du monde basée sur les économies d’échelle peut être abandonnée :
- Nous savons de mieux en mieux produire efficace- ment biens et services en petites quantités là où ils sont nécessaires. Ce ne sont plus les produits qui doivent voyager mais le savoir.
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NOUS N’ASPIRONS PAS AU REPOS, LES SOLUTIONS SONT À NOTRE PORTÉE !
3.4. TRANSITION
-La culture et les divertissements pour être acces- sibles à tous ne nécessitent plus des musés gran- dioses, des salles de spectacles gigantesques, des festivals où s’entassent des milliers d’individus : tout ceci peut maintenant venir à vous, en images ou en hologrammes .
Pourquoi déplacer des milliers d’humains pour as- sister à un spectacle plutôt que rendre plus mobile une petite troupe et son équipement ?
Et si on se répartissaient sur la planète sans s’en- tasser nulle part, sans bétonner les zones fertiles, mais en habitant des lieux à taille humaine, résilients car s’y côtoieraient habitat , agriculture, énergie décentralisée, industrie et services de proximité ?
Laissons des espaces vierges d’une présence hu- maine intensive où la biodiversité peut continuer à évoluer. Avec la nature, nous ne sommes pas en compétition, nous ne cherchons pas non plus à co- habiter , mais simplement à vivre en symbiose avec elle sans forcément échanger des virus avec toutes les espèces.
L’homme doit-il continuer à parcourir le monde :
Pour le commerce, le travail, ou pour assister à un évènement soi-disant exceptionnel ; c’est absurde : on peut faire autrement. Mais pour étendre sa soli- darité au-delà de ses proches, le chasseur cueilleur doit voyager, de chantier en chantier tels les com- pagnons du moyen-âge, pour répandre le savoir dans un Erasmus mondial.
Aller à la rencontre de l’autre n’a rien à voir avec le tourisme de masse : le confinement nous a révélé combien il souille les sites naturels. Peut-on réin- venter une manière d’aller vers l’autre sans s’en- tasser dans des avions gros porteurs où aussi mal- traités que le bétail , votre unique espoir est d’arriver rapidement pour faire cesser le supplice ? De même quelle perversité a pu pousser à construire des navires de croisières toujours plus grands pour aller vomir une monstrueuse cargaison d’humains à chaque escale ?
Notre chantier est de construire un nouvel huma- nisme où le respect humain passe avant les écono- mies d’échelle et ce travail est d’autant plus urgent que l’accroissement démographique pousse à re- nier notre humanité.
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Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P111
3.4.1. HABITER LE MONDE AUTREMENT