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DES CHOIX ÉNERGÉTIQUES À L’HUMANISME ÉCOLOGIQUE, RÉÉCRIVONS NOS RÉCITS FONDATEURS
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« DU CÔTÉ DES HUMAINS »
2.2.3.HUMANITÉ ET TECHNO CENTRISME
L’homme présente deux singularités : la capacité au négoce et une intelligence. Cette dernière serait amoindrie par le progrès technologique continu. D’autant qu’il donne plein pouvoir aux techni- ciens, aux experts et aux données chif- frées. S’en suivent des exemples analysés en aéronautique.
’homme a, parmi tous les animaux de la terre, deux particularités qui n’ont cessé de s’ac- croître et qui nous ont conduits par une lente évolution, jusqu’à devenir ce que nous sommes
aujourd’hui.
La première : les tous premiers hommes sont entrés en relation par des échanges, échanges essentiellement de matière, parfois musclés. Ces échanges évolueront vers le troc, puis vers le mon- nayage, dès lors qu’ils inventeront la monnaie. Pro- gressivement l’enrichissement matériel sera envi- sagé comme une façon de se rapprocher de l’autre mais aussi des dieux ou de Dieu.
Un idéal s’installe qui deviendra d’abord celui de l’Occident. Puis celui de tout un ordre marchand, pour devenir progressivement une loi à part entière de la démocratie, la loi du marché. L’homme a donc depuis la nuit des temps cette capacité au négoce qu’aucun autre animal ne semble posséder. Nous pourrions en faire ici un historique, d’autres l’on fait avant nous. Cette compétence particulière qui a for- gé l’histoire des hommes, représente l’image ac- tuelle d’une humanité qui ne semble plus vivre pour vivre, mais vivre pour consommer. La technologie, de par sa fonction sociale, est devenue une part dé- mesurée du marché.
Deuxième singularité : depuis l’Antiquité, des hu- mains se sont interrogés sur le « propre de l’homme », se demandant en quoi il se distinguait des autres animaux. Ils finirent par trouver une par- ticularité, qui, semble-t-il, nous aura permis d’évo- luer après nous avoir permis de survivre. Les hommes lui ont trouvé un nom, l’intelligence. Cette intelligence que l’on voulait générale, se révèle multiple et évolutive.
D’autres humains, se posent actuellement la ques- tion de son devenir. Plusieurs études faites sur le sujet, tendent à prouver que la progression de l’in- telligence serait inversement proportionnelle au progrès technologique. Cette révélation qui n’est en rien divine, nous oblige périodiquement, surtout en période de crise, à reconsidérer une vision du monde centrée sur le progrès technique, le tech- no-centrisme. La crise actuelle peut nous aider, si toutefois elle peut favoriser une prise de conscience, individuelle et collective.
Nous sommes pour l’heure, dans un « techno en- thousiasme » ambiant qui nous rend, pour beau- coup, incapables de mesurer les effets d’une poli- tique qui a donné depuis une centaine d’années le pouvoir aux techniciens, aux experts et aux chiffres. Nos anciens avaient en leur temps, autour de l’Eu- rope, fait le procès des technocrates mais pas celui de cette technocratie.
Pour être un peu moins dans la philosophie et dans la théorie, je vais essayer d’illustrer à travers quelques exemples concrets, des éléments symp- tomatiques de notre évolution.
Je suis rentré, il y a quarante ans dans un monde particulièrement technique, celui de l’aéronautique.
Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P62