Page 20 - MOBILITES MAGAZINE N°29
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                 Politiques & institutions
 prouvent qu'il y a péril en la de- meure.
A cela s'ajoutent les effets du trafic lui-même : usure de la couche de roulement, les effets d'orniérage (par fluage résultant de la combi- naison du trafic avec la chaleur), les fissurations de fatigue, le faïen- çage de la couche de roulement à l'origine des nids-de-poule. Ces phénomènes conduisent à une perte d'étanchéité de la chaussée. Si un traitement des fissures par simple pontage à base de mastic bitumineux rétablit l'imperméabili- sation à peu de frais, une réfection de chaussée à base de béton bitu- mineux semi-grenu, utilisé en gé- néral pour les couches de roulement, revient à plus de 13€ HT le m2 ! Lorsque la fissuration est généra- lisée, les ornières forment de grands rayons ou des nids-de- poule, « c'est la structure même de la chaussée qui est endom- magée ». routes de France rappelle que « 1 € non investi en entretien peut générer 10 € de dépenses supplémentaires quelques années après ».
Des travaux colossaux à prévoir
Le patrimoine du réseau routier français représenterait 2 000 Mds€ (dont 1750 pour les seules infra- structures communales et dépar- tementales). Le développement des nouveaux usages - véhicules autonomes, trottinettes, dévelop- pement du vélo et des lignes de bus BHNS -, largement étudié par
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Le pont de Rosellmont.
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Le pont Saint- Ladre à Crépy en Valois.
routes de France dans une étude prospective publiée en juin 2019, loin de réduire ces besoins, devrait les accroître !
Ce nouveaux modes émergents de mobilités ne sont en effets pas « tolérants » vis-à-vis des dégra- dations de chaussées : les nids- de-poule constituent des pièges redoutables pour les cyclistes. On pense spontanément aux chutes, mais le vrai danger est dû aux ma- nœuvres d'évitement susceptibles de surprendre les autres usagers, entraînant alors l'accrochage et l’accident corporel.
Trottinettes et véhicules autonomes requièrent des revêtements parfaits avec, pour les véhicules sans conducteurs, une exigence sup-
plémentaire en terme de qualité de signalisation horizontale. Cer- taines solutions, prônées par la LOM, comme de développement des voies réservées pour les bus et le co-voiturage induisent un stress supplémentaire sur ces voies, du fait de l'accroissement du trafic dans un espace concentré (effet d'orniérage).
Le discours de militants verts, hos- tiles par principe à la route et aux infrastructures routières, peut ame- ner préfets, techniciens et élus à différer les investissements, ce qui génère alors à terme une véritable « bombe à retardement » tant technique que financière. Or la route assure 35% des transports collectifs de personnes1 !
Elisabeth et le fantôme
de Gênes
Le Sénat s'est préoccupé de la sécurité des ponts dans un rapport d'information rendu public le 26 juin 2019. Il s'alarme de la mécon- naissance du patrimoine à la charge des collectivités locales et territo- riales. Un legs empoisonné issu des lois de décentralisation de 1982, puis de la « départementa- lisation » des routes nationales intervenu au début des années 2000, avant d'être encore com- plexifiée en 2015.
« Les difficultés rencontrées par les intercommunalités pour avoir une connaissance précise du nom- bre de ponts dont elles ont la gestion semblent avoir été am- plifiées par la réforme de la carte territoriale et le regroupement des intercommunalités opérés par la loi portant sur la nouvelle or- ganisation territoriale de la Ré- publique (NOTRe) », peut-on lire. La Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat a interrogé les élus locaux avec cette question simple : connaissez-vous le nombre de ponts dont votre collectivité
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