Page 22 - MOBILITES MAGAZINE N°4
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tions sont claires : « Avec le Grand Paris Express, Keolis veut proposer le métro du XXIe siècle », annonce sans détour Youenn Dupuis, direc- teur adjoint de Keolis ile-de-France. Pour le prouver, le groupe, filiale à 70%dugroupeSNCFetà30% de la Caisse de dépôt et placement du Québec, organise des opérations séduction : voyage de presse à l’attention des journalistes des grands quotidiens nationaux, Meet up à destination des élus au Salon des maires d’ile-de-France, etc. Contrairement à son grand rival parisien, Keolis ne se place pas en spécialiste régional, mais préfère élargir le spectre en se présentant comme le « partenaire des grandes métropoles leader du métro auto- matique en France et à l’interna- tional ». Le groupe revendique l’ex- ploitation de 50 % des dix lignes de métro sans conducteur ouvertes à la concurrence dans le monde. La mise en service du premier mé- tro automatique du monde à Lille en 1983, celle du premier métro automatique à grand gabarit à Lyon en 1991 et, dans quelques mois, le
lancement des métros automa- tiques de Shanghai et d’Hyderabad, mégalopole indienne de près de neuf millions d’habitants figurent par exemple à son palmarès.
Enjeux considérables
Si le Grand Paris Express suscite autant de convoitises, y compris chez les opérateurs étrangers comme le Hongkongais MTR ou l’allemand arriva, filiale de la Deut- sche Bahn, c’est que les enjeux sont considérables. ils sont bien sûr d’ordre financiers. Le contrat de délégation de service public (DSP) de l’exploitation de l’ensemble des lignes du Grand Paris est estimé à six milliards d’euros sur six ans (à titre de comparaison, la DSP des transports lyonnais est de deux milliards d’euros).
au-delà de cet aspect comptable, le Grand Paris constituera pour les opérateurs retenus une vitrine mon- diale de leur savoir-faire, a fortiori si Paris accueille les JO en 2024. Revers de la médaille, le ou les fu- turs exploitants n’ont pas droit à l’erreur. C’est pourquoi Jean-Pierre Farandou, Pdg de Keolis, milite pour qu’il n’y ait pas un gestionnaire d’infrastructure d’un côté et un opérateur de l’autre. Pour lui, cette séparation est une aberration. « Découper un métro automatique en deux, alors qu’il s’agit d’un sys- tème intégré par nature, c’est une première mondiale, et cela nous questionne. Nous avons du mal à voir comment ça peut marcher »(1). C’est pourtant ce que prévoit la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris. Selon l’article 20 de cette loi, la Société du Grand Paris (SGP) reste propriétaire des infrastructures du GPE, tandis que la RaTP en as- sure la « gestion technique ». affaire à suivre. z
MARIE-NOËLLE FRISON
(1) « Grand Paris Express : Keolis lance l’offensive contre la RATP », Les Echos, 1/12/2016.
3 LA MÉTROPOL CHeRCHe enCo
Créée au 1er janvier 2016 sous l’impulsion des lois NOTRe et Maptam, la Métropole du Grand Paris doit trouver sa légitimité entre la Ville de Paris et la Région, les deux poids lourds institutionnels de l’Ile-de-France.
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Ils sont 209 élus franciliens à siéger au Conseil Métropolitain.
« Je propose de supprimer la mé- tropole du Grand Paris. En Ile-de- France, la métropole, c'est la Ré- gion ! », avait tweeté François Fillon, candidat à la présidentielle (Les Républicains) le 31 mai 2016, à l’oc- casion du Congrès des Maires. au- jourd’hui, plusieurs mois après cette déclaration tonitruante, la nouvelle institution issue des lois NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) et Maptam (Mo- dernisation de l’action publique ter- ritoriale et d’affirmation des mé- tropoles) a certes passé le cap de la première année et emménagé dans ses propres locaux - des bu- reaux flambant neufs, non loin de la Bibliothèque François Mitterrand - mais son existence est toujours menacée. « La poursuite de la Mé- tropole n’est pas garantie. 2017 peut être une année charnière, une année difficile », déclarait encore Galla Bri- dier, présidente du groupe écologiste à la Métropole du Grand Paris (MGP), lors de la cérémonie des vœux de
N Youenn Dupuis, directeur adjoint de Keolis Ile-de-France.
22 - Mobilités Magazine 04 - Mai 2017
« AVEC LE GRAND PARIS EXPRESS, KEOLIS VEUT PROPOSER LE MÉTRO DU XXIE SIÈCLE »