Page 19 - MOBILITES MAGAZINE N°18
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réaliser nombre d'enquêtes auprès des passagers et clients potentiels. Les résultats donnent un ressenti très positif (96 à 97% de percep- tions favorables) tout en recon- naissant que d'autres enjeux exis- tent : comment éviter l'angoisse des femmes dans une navette au- tonome perdue dans une zone in- dustrielle à 22h ? Coralie renard et patricia Villoslada l'affirment : « Il peut ne pas y avoir de conducteur, mais il faut dans tous les cas que l'on puisse parler à un humain à distance. Chaque véhicule aura obligatoirement besoin d'une liaison au Poste Central de Commande- ment, via une interface audio et vidéo ».z
tANALYSE /Technologie
Coralie Renard W Directrice marketing Système de transports autonomes chez Transdev.
Q Expérimentation menée par l'Institut Vedecom de transmission et lecture de données par voie optique, sans liaison radio. Une option pertinente pour la circulation en files.
Dans un monde de plus en plus dominé par les systèmes autonomes, à terme serait-ce l'homme qui deviendrait robot ? W
sur ce sujet on relève le mu-
tisme étonnant de la direction de la sécurité routière, qui renvoie au rapport d'anne-Marie idrac de mai 2018(4). lequel évite de son côté tout chiffrage : « La sécurité routière constitue l’enjeu majeur sur lequel le véhicule automatisé est attendu (...) Ces impacts de sécurité routière emportent largement l’acceptabilité du public. Pour autant, au-delà des résultats attachés à des expérimen- tations particulières, l’impact global sur la sécurité apparaît encore peu documenté. En particulier, la modifi- cation des tâches de conduite et des interfaces hommes-machine pourrait générer un syndrome d’excès de confiance, conduisant à une sous- reprise en main du véhicule pour les niveaux d’automatisation intermé- diaires. De plus, la phase de cohabi- tation entre véhicules classiques et véhicules automatisés (...) pourrait poser des questions spécifiques de sécurité. »
chantal Perrichon présidente et porte- parole de l'association ligue contre la violence routière se fait sceptique : « les constructeurs nous font miroiter que les véhicules autonomes seront la solution face à la mortalité routière. Mais cela ne sera effectif qu'avec le
renouvellement du parc. Nous disons aux constructeurs : comment osez- vous nous vendre les technologies des véhicules autonomes en refusant de les appliquer sur les véhicules actuels ? Faire miroiter qu'il n'y aura à l'avenir plus d'accidents ne doit pas être l'alibi pour ne rien faire dès maintenant (...) Le LAVIA( 5) est une technologie opérationnelle en France depuis 2006. Elle permettrait de ne plus avoir recours aux radars en Eu- rope. Le LAVIA doit être déployé dans tous les véhicules. Autre outil visant à réduire drastiquement la mortalité routière : la « boîtes noire » (ou enregistreurs de données) ». Quid des aides à la conduite ? « Il faut distinguer : tout n'est pas bon en la matière . Nous sommes ici prudents et réservés. Il y a ainsi le problème des tableaux de bord qui par leur profusion de fonctions et d'écrans, vont entraîner des accidents par distraction. Attention à ce que l'on met dans le concept des aides à la conduite ».
(4) Développement des véhicules autonomes. Orientations stratégiques pour l'action publique. Mai 2018 Sous la direction d'Anne-Marie Idrac, Haute responsable pour la stratégie de développement du véhicule autonome.
(5) LAVIA : Limiteur Automatique de la Vitesse Autorisée.
QU'ESPÉRER DES AIDES À LA CONDUITE ET VÉHICULES AUTONOMES EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ROUTIÈRE ?
Mobilités Magazine 18 - Septembre 2018 - 19