Page 55 - MOBILITES MAGAZINE n°16

Technologies & innovations
sur l’empire Irizar
doit donc miser sur un style diffé- renciant ».
Si les produits confirment une vé- ritable montée en gamme d'Irizar, la marque souffre peut-être d'un manque de notoriété. Gotzon Go- mez ne dément pas : « il nous faut construire la marque en France en termes de notoriété spontanée. En rapport prix-prestations, un Irizar i6S est bien plus compétitif qu'un Setra ComfortClass. Et notre i8, rivalise face à un Setra TopClass, pour un prix inférieur. Notre filiale Irizar e-Mobility va nous aider en France à créer cette image de marque. Nous avons l'usine la plus avancée en Europe pour produire spécifiquement des véhicules élec- triques. »
Les Basques à la conquête de leur autonomie
La stratégie d'autonomie du groupe, révélée par l'assemblage de ses propres packs de batteries sur le site Irizar e-Mobility, ou tra- duite par le rachat du spécialiste de l'électronique de puissance, Jema, est planifiée depuis 2008, comme l'a rappelé Hector Olabe- gogeaskoetxea. Gotzon Gomez confirme que « les constructeurs de véhicules industriels issus du camion considèrent les carrossiers- constructeurs de l'autocar comme peu de choses. » Une façon d'évo- quer, de façon élégante, les ten- sions qui sont apparues par le passé avec Scania, qui a misé sur ses produits assemblés chez Higer en Chine. « Pour les véhicules per- sonnalisés, ils savent nous trouver. En premier lieu, ils cherchent à vendre leurs véhicules complets, puis éventuellement, s'ils ne peu-
vent pas, ils vendent alors les châssis. Nous n'oublions pas qu'avec eux, du jour au lendemain, les carrossiers-constructeurs sont fragiles, regardez le retrait d'Iveco Bus sur le marché des châssis en Euro VI ».
Ceci expliquerait l'internationali- sation « à marche forcée » du groupe Irizar depuis 2008. Celui-ci produit aujourd’hui au Maroc, Mexique, ou Brésil, et assemble en Australie. « Irizar est présent dans 19 pays du monde. Un Irizar i6 est vendu en Australie, Chili, Etats-Unis, Mexique ou dans l’Union européenne avec les mêmes exi- gences qualitatives ou sécuri- taires », conclut avec fierté Gotzon Gomez. Une stratégie qui présente bien des parallèles avec celle de Van Hool, qui développe ses ventes aux Etats-Unis, un groupe défen- dant également son indépendance
Il nous faut construire la marque en France en termes de notoriété spontanée.
face aux géants du secteur. Ce n'est peut-être pas un hasard s'ils travaillent avec un motoriste pur, à savoir DAF Components. Si Irizar n'a pas un ac- tionnariat familial comme Van Hool, il présente la particularité de demeurer à structure coopérative. Ceci explique peut-être une stratégie à long terme, différente de celle d'industriels cotés en bourse, tenus de présenter tous les six mois de jolis résultats financiers pour séduire les actionnaires. z
JEAN-PHILIPPE PASTRE
MOBIlItés MAgAzIne 16 - JUIn 2018 - 55