Page 8 - MOBILITES MAGAZINE n°16
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                             AlaUne
   De la théorie à la pratique. Plusieurs industriels, comme Renault ou Blue Solutions, collaborent activement avec le SDIS 86 pour
la mise au point des procédures d’intervention sur les véhicules incendiés ou accidentés.
Ils mettent à disposition des véhicules qui permettent de procéder à des tests, ici une Kangoo électrique...
trices lors de la remise des véhicules neufs. Les services de secours voi- sins doivent en être informés et obtenir outre les ERG, les fiches d'aides à la désincarcération.
Le rôle des constructeurs est très important, et a été rappelé crûment par le formateur Marc Mouthon, travaillant avec le colonel Serge Delaunay. Ce service de secours est le référent en France pour les véhicules au gaz (GPL, GnV, hy- drogène). « Pourquoi les bus nous interpellent-ils ? Parce qu'ils roulent en ville. On a donc des espaces restreints, un milieu urbain, ce qui implique un voisinage avec des immeubles habités, cela venant s'ajouter à la présence des passa-
gers et aux potentielles actions de secours aux victimes. Les autocars posent d'autres problèmes, qui se concentrent surtout sur les ques- tions d'accès et d'évacuation ». Marc Mouthon, formateur et lieutenant du SDIS 44, évoque les carences de la réglementation ECE R110 : « la Commission a recopié pour les véhicules GNV les règles appli- cables au GPL. C'est inepte ».
Les SDIS demandent à faire évoluer la réglementation. Il en va ainsi du montage obligatoire de vannes au- tomatiques et de fusibles GnV avec dispositif de vérification de leur fonc- tionnement. Marc Mouthon, tout en visant clairement un constructeur, demande à ce que les torchères
soient orientées vers le ciel et pas tournées à 45° ou 90°, comme c'est le cas sur certains autobus. Il de- mande également « l'abandon du fusible de report, à cause des risques de fuites et du maintien sous pression de cet élément ». Serge Delaunay rappelle aussi l'im- portance du calorifugeage, et les bons résultats obtenus avec de tels dispositifs. Même les matériaux de capotage ont un rôle. Ainsi les matériaux composites ou l'acier sont-ils préférables aux matières plastiques : ils tiennent mieux au feu ! Mais ils doivent prévoir des trappes fusibles permettant aux pompiers l'accès pour l'aspersion des réservoirs. un capotage isolant sur le pavillon, placé sous les bat- teries et bouteilles de gaz, permet aussi de retarder, voire d'éviter la propagation de feux d'origine cri- minelle générés dans l'habitacle. De même, les sapeurs-pompiers demandent que des outils stan- dardisés permettent la vidange ra- pide des réservoirs de gaz. Des travaux seraient en cours avec GRdF sur ce sujet.
 GNV ET HYDROGÈNE : QUI FAIT LE PLUS PEUR AUX POMPIERS ?
 Parmi les énergies gaz, il y a aujourd’hui deux filières vouées à se développer dans le transport public : les véhicules gnV (que ce soit sous forme gazeuse à 200 bars de pression, le gnC, ou sous forme liquéfiée cryo- génique à -163C°, le gnl), et hydrogène (sous forme gazeuse à 350 ou 700 bars de pression). Contre toute attentes, l'hydro- gène inspire moins de craintes que le méthane liquéfié ! selon le colonel serge Delaunay et le lieutenant Marc Mouthon : « tout tient à des comportements dif- férents. Avec l'hydrogène, le vé- hicule brûle tout son stock d'énergie car on ne peut pas souffler la flamme ». Marc Mou- thon précisant que la très faible densité de l'hydrogène est ici un atout s'il faut ventiler un es-
pace. Une heureux effet car, à l'inverse, le seuil d'explosivité de l'hydrogène est beaucoup plus bas que celui du méthane. Pour les pompiers, le recours à une caméra thermique est in- dispensable avec un feu d'hy- drogène, car la flamme est invi- sible ! « A l'inverse, sur le mé- thane, avec la lance à eau on décroche la flamme. Le danger peut alors provenir des émana- tions de gaz dans des espaces confinés ou fermés », rappelle serge Delaunay. la vraie crainte est, selon l'adjudant tony gran- don du sDis 86, avec le gnl cryogénique : « le risque majeur est ici le BLEVE* avec un passage brutal de l'état liquide à l'état gazeux. ». en clair : si le gnC génère une torchère (à condition que les fusibles thermiques aient
N L’adjudantTonyGrandon,expliquantlescraintesdeséquipes d’intervention face au GNL cryogénique : « le risque majeur est ici un passage brutal de l'état liquide à l'état gazeux».
bien fonctionné), le gnl a un comportement potentiellement explosif, qui ne sera pas atténué par la projection d'eau ! « L'ar- rosage contribue au réchauffe- ment des bombonnes », résume tony grandon. Des questions auxquelles il faudra répondre avant de voir arriver les autocars longue distance fonctionnant avec du gnl...
* BLEVE, acronyme anglais signifiant Boiling Liquid Expanding Vapor Explosion. Il s'agit du comportement hautement explosif d'un liquide comprimé porté à son point d'ébullition et générant une vaporisation brutale. Cette vaporisation violente à caractère explosif d'un liquide porté au-delà de son point d'ébullition et soumis à une forte pression peut être dit « chaud » - cas du stockage de propane lors de la catastrophe de Feyzin en 1966 - ou froid - cas d'un produit sous froid cryogénique -. Ce sont des phénomènes excessivement dangereux.
8 - Mobilités Magazine 16 - JuIn 2018
      


















































































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