Page 59 - MOBILITES MAGAZINE N°2
P. 59

                  Technologies & innovations
 à un dépassement des seuils de production annoncés par l'accord Opep (Organisation des Pays Ex- portateurs de Pétrole) intervenu en novembre 2016 devant limiter la production, et donc la mise sur le marché, du pétrole brut. Un ac- cord devenu indispensable pour l'Opep, car le « cavalier seul » des saoudiens devenait intenable pour les autres pays exportateurs tels que l'Algérie, le Venezuela, le Ni- géria, le Mexique ou la Libye, en proie à de graves crises internes à cause des pertes de recettes. Pour autant, comme le rappelle Didier Houssin, le président de l’IFPEN, « le niveau de stock, élevé en ce début d'année 2017, est un élément modérateur de hausse. Il y a au- jourd'hui 400 millions de barils d'excédents de stocks. Il y aura également un effet de plafonne- ment de la hausse du fait de la production nord-américaine de pé- trole et gaz de schistes ». En effet, après avoir connu une baisse entre
2015 et 2016, la production améri- caine repart à la hausse, avec une reprise de l'activité de forage. « Tout dépend désormais de la disponibilité et de la remobilisation de la main-d'œuvre ainsi que de la réactivité de la filière logistique pour donner des effets rapides à la hausse de la production », estime Didier Houssin. D'où une fourchette de cours assez restreinte anticipée pour l'année 2017.
N
Le réseau des stations GNV devrait connaître de nombreuses ouvertures en 2017. Mais le GNV est bel et bien le rival n°1 du gazole. L'arrivée de nouveaux concurrents face à l'opérateur historique va réellement changer la donne en France.
Le méthane carburant, vedette de 2017 ?
selon l'IFPEN, le marché gazier 2016 a été particulièrement com- plexe à analyser : la demande mondiale est apparemment en faible hausse (+0,5%), mais celle- ci se répartit très inégalement en fonction des régions. L'Asie et l'Eu- rope sont en forte croissance (de +3% en Europe à +8,9% en Inde), tandis que la russie et le Japon sont en repli (de -0,9% à -6%). Le gaz naturel liquéfié (GNL) connaît une forte croissance en Amérique Latine (Argentine) mais aussi au Moyen-Orient ( Jordanie), voire en Asie (Pakistan), ce qui rééquilibre quelque peu le marché entre pays producteurs et consom- mateurs. La sécurité des approvi- sionnements est à peu près assu- rée grâce aux lourds investisse- ments des Etats-Unis en faveur de la liquéfaction des gaz de schistes. Les Etats-Unis d'Amérique ont désormais 5% de la production mondiale de gaz, et peuvent ex- porter, au gré des prix d'achat, aussi bien en Amérique Latine que vers l'Europe.
selon le Centre d’information in- ternational sur le gaz naturel (Cedigaz), qui regroupe plus de 190 membres répartis dans 40 pays, les capacités de liqué- faction se sont accrues de 36 mil- lions de tonnes entre 2016 et 2017 ! Les contrats à long terme sont toujours orientés à la hausse, tandis que les prix spots fluctuent énor- mément. Car ceux-ci sont très sensibles aux effets de demande, et ils le seront d'autant plus que le gaz voyage désormais massi- vement par bateaux avec le GNL. Ceci rend le développement du biométhane plus que jamais né- cessaire en France pour assurer une sécurité des cours et des ap- provisionnements.z
JEAN-PHILIPPE PASTRE
   BERCY, ROI DU PÉTROLE !
si la fiscalité du gazole s'accroît (la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques concernant le gazole passant de 46,89 centimes par litre en 2016 à 53,07 centimes le litre en 2017), le ministère des Finances n'en oublie pas le concurrent numéro 1 du gazole : le méthane carburant ! Ainsi la fiscalité sur le gaz naturel pour véhicules (GNV) passe-t-elle de 5,27 centimes/kg en 2016 à 8,6 centimes/kg en 2017. Certes, la hausse est plus faible que pour le gazole, mais ce n'est pas un bon signal pour les transporteurs, d'autant que les cours du méthane sont aussi volatils que le produit lui-même.
En outre, et l'aberration confine ici à la monstruosité, le biométhane est taxé au même niveau que le méthane fossile. Faut-il rappeler que le biométhane a un impact positif en termes d'émissions gaz à effets de serre et qu'en outre, il permet de bénéficier d'une énergie d'origine domestique renouvelable ? Là encore, l'appétit de Bercy contribue à étouffer des initiatives pourtant réalistes et aux forts impacts potentiels : selon l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et GrDF, le potentiel de biométhane en France s'élèverait à 33 Twh (soit 33 000 Gwh). Mais son coût de collecte demeure plus élevé que le méthane fossile importé ! Dans le même temps, la France dépense des centaines de millions d'euros d'incitations fiscales en faveur des véhicules électriques à batteries, dont le bilan environnemental et l'effet positif sur la balance des paiements reste à prouver. Cherchez l'erreur !
 MOBILITÉS MAGAZINE 02 - MArs 2017 - 59
 





















































































   57   58   59   60   61