Page 83 - MOBILITES MAGAZINE N°2
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Politiques & institutions
FOCUS / Appel d’offres
Nantes veut 30 minutes de TGV
en moins pour Paris
Alors que Rennes est, cet été, à une heure vingt cinq de Paris en TGV et Bordeaux à deux heures, Nantes, actuellement à plus de deux heures, veut désormais descendre à une heure trente.
ANantes, la « bataille du TGV » vers Paris vient d’être relancée. Le diag- nosticaétéposéilyaunanpar Bruno Retailleau, Président de la Région des Pays de la Loire : « Le risque de devenir le triangle des Bermudes de la façade atlantique n’est plus théorique au moment où Rennes va être ralliée de Paris en une heure vingt cinq et Bor- deaux en deux heures». A l’époque, il constate les nombreux retards qui plaçaient souvent Nantes à deux heures vingt de Paris. Il ré- clame donc « au moins la pers- pective de bâtir d’une nouvelle ligne ». Le 23 janvier dernier, il a obtenu satisfaction. Du moins, un début de satisfaction.
Nantes/Sablé en ligne droite ?
Jean-Michel Baylet, le ministre des Collectivités territoriales est venu signer sur place un avenant au contrat de plan Etat-Région 2015- 2020 avec un premier volet consacré à la mobilité multimodale. « Si, si, l’étude de la nouvelle ligne s’y trouve », insiste depuis Bruno Re- tailleau. Mais Marc-Antoine Bertan de Bamanda, responsable stratégie de SNCF-Réseau, qui a deux ans pour mener des études, souligne : « le texte de l’avenant ne parle que de solutions innovantes pour réaliser des gains de parcours. Le moyen de les atteindre n’est pas vraiment précisé. Ce serait d’ailleurs prendre le problème à l’envers.
Nous allons vérifier si une demande existe pour qu’une nouvelle ligne entre dans les scénarios possibles ». Dès cet été, Nantes gagnera déjà une dizaine de minutes dans sa liaison en TGV vers Paris grâce pro- longement de la ligne à grande vi- tesse vers l’Ouest de Connéré, aux abords du Mans jusqu’à Rennes. Le décrochement vers Nantes a lieu entre les deux, à Sablé-sur-Sarthe, les TGV faisant passer le trajet total en dessous des deux heures. Mais Bruno Retailleau a souvent évoqué l’objectif d’une heure trente, comme Rennes. La difficulté de circulation des TGV est concentrée, entre An- gers et Nantes. L’étude du double- ment des voies, il y a quelques an- nées avait conclu à une dépense rédhibitoire d’environ trois milliards d’euros. Par endroits, il fallait percer la falaise. D’où l’idée d’un nouveau tracé. « Pour gagner le maximum de temps, il faudrait tirer une ligne droite entre Nantes et Sablé. Mais comment se passer de remplir les TGV à Angers ? En comparaison, Rennes peut compter sur les afflux
N Des travaux sont en cours entre Angers et Nantes qui passe en dessous des deux heures pour Paris cet été.
de toute la Bretagne pour remplir ses TGV. Pour Nantes, c’est plus compliqué. L’arrière-plan, Saint-Na- zaire, La Roche-sur-Yon est plus restreint », réfléchit tout haut Marc- Antoine Bertran de Balanda.
Avec ou sans Notre-Dame- des-Landes
L’avenant au contrat de plan prévoit d’abord l’optimisation de l’existant. Mais il s’agit surtout de le fiabiliser, d’augmenter les capacités de cir- culation. La seconde étude planche sur « une ligne nouvelle ou un projet innovant » pour 2030 avec, cette fois, pour objectif d’améliorer significativement les temps de par- cours. « Après, quel prix supplé- mentaire demander pour quinze ou trente minutes de moins ? Nous nous placerons du point de vue de l’usager. En vérifiant aussi que l’éventuelle nouvelle ligne, à grande vitesse ou pas, ne nuise pas à celle inaugurée cet été », indique Marc-Antoine Bertran de Balanda. Cette étude arrive néanmoins à point nommé. Elle va entrer dans les projections de l’après LGV jusqu’à Rennes sous la forme d’une nouvelle vague d’améliorations des infra- structures ferroviaires à l’horizon 2030-2040 pour placer Brest à trois heures de Paris, desservir l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, entre Rennes et Nantes, à partir de Rennes et relier Rennes et Nantes en moins d’une heure. z
HUBERT HEULOT
MOBILITÉS MAGAZINE 02 - MARS 2017 - 83