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Opérateurs & réseaux
se démène. Parfois les bonnes re- lations s’entretiennent à travers des voyages en commun. Comme à la fête des vieux gréements de plaisance, ou Les voiles de Saint- Tropez, facile, pour lui qui est aussi dirigeant d’une entreprise de lo- cation de bateaux (Société.com). Ou la visite, tous frais payés, du salon des transports publics à Paris. Mais ce salon fait partie du travail et des relations habituelles des groupes avec leur clients. « Nous comparions entre élus à la mairie. Il a le sens des limites. Il n’en faisait pas plus que d’autres », explique un ancien conseiller municipal. Moins banal, Christophe reineri touche à la politique. il aime la politique. Ancien attaché parle- mentaire d’un député des Alpes- Maritimes, Pierre Bachelet, du temps du rPr, il a pris fait et cause lors des dernières élections municipales contre l’équipe socia- liste sortante, pour le nouveau maire, Christophe Béchu (Lr). il l’a aidé à construire son projet de transport public. de la même façon, depuis le renversement de la gauche aux régionales en Pays de la Loire, en tant qu’administra- teur du Medef, il a concocté pour la nouvelle équipe emmenée par Bruno retailleau (Lr), un rapport- bilan remarqué, au conseil écono- mique et social et environnemental de la région (Ceser) sur le modèle économique du Ter. A renouveler. « Mais si Keolis avait décidé d’écarter Christophe Reineri pour ses amitiés politiques, il se serait tiré une balle dans le pied puisqu’il a des amitiés politiques du côté de la majorité actuelle », fait remarquer Bernard dupré.
Un contrat mal renégocié
La municipalité a cependant des projets qui pouvaient inquiéter Christophe reineri. elle a mis à l’étude une évolution du type de gestion de ses transports publics.
« En
groupe Keolis que nous avons averti », souligne Bernard dupré. Ce projet, l’équipe actuelle n’est pas la première à y avoir pensé. il remonte à quelques années, depuis un contrat de dSP qui s’est révélé mal négocié par la ville. il n’a jamais vraiment été corrigé en raison - entre autres - du fait qu’en 2013, lors du dernier renouvellement, Keolis était le seul candidat en lice. « Le réseau est très performant, très qualitatif. Nous ne voulons pas remettre en cause le contrat actuel, mais nous ne voulons plus que 95% du bénéfice annuel, de l’ordre de deux millions d’euros par an, remonte vers la maison-mère pour financer son propre développement. Nous avons besoin que les béné- fices du réseau soient réinvestis sur place au moment où nous avons prévu de financer notre seconde ligne de tramway », explique Ber- nard dupré. Un chantier de 245 millions d’euros, nécessitant la construction d’un nouveau pont, et dont la livraison est prévue en 2022. Bernard dupré regrette enfin certaines clauses aux consé- quences fiscales désavantageuses pour la collectivité. Ces questions était bien connues de Christophe reineri qui a déjà fait entériner un meilleur « partage des bénéfices » entre l’agglomération et le Groupe. La prochaine dSP se termine le 30 juin 2019. L’agglomération prendra sa décision en mars sur la suite à donner. Surtout sur le mode d’ex- ploitation du réseau choisi. L’idée de confier le réseau à une Société
publique locale (SPL) fait partie des alternatives. « Christophe. Rei- neri s’est-il imaginé dans cette hy- pothèse, une solution d’avenir pour lui à Angers ? », réfléchit tout haut l’élu local. en réfutant que la col- lectivité lui ait jamais proposé quoi que ce soit. et rappelle qu’il a tou- jours entendu le directeur, au contraire, défendre les intérêts de son groupe. il ne le soupçonne en aucune façon d’avoir « laissé une bombe à retardement » dans le réseau en cas de changement de mode de gestion. « Le Groupe m’a toujours affirmé qu’il ferait son possible pour que, même dans cette hypothèse, les cadres de l’en- treprise restent en place », ajoute Bernard dupré. Cela dit, tant qu’à manier les hypothèses, celle-ci aurait l’avantage de correspondre à l’ambition et à l’envie de chan- gement de Christophe reineri, qui a déjà cherché, après Angers, à rejoindre des réseaux plus impor- tants. Bernard dupré, faute de connaître la nature des faits qui sont repro- chés au directeur, en est réduit, comme d’autres, aux conjectures. il réclame d’autant plus d’explica- tions au groupe Keolis qu’il constate le « trouble » des salariés du réseau de transport. il revendique des as- surances plus précises qu’une sim- ple déclaration selon laquelle « les intérêts d’Angers Loire Métropole n’ont pas été lésés ». Ce qu’estime légitime aussi, Gilles escarguel, se- crétaire général UNSA transport urbain : « Ce limogeage, surprenant dans sa forme, radicale, laisse planer beaucoup d’interrogations. Il faut des réponses plus précises ». Mais que celles-ci soient publiques ou que le groupe continue de vou- loir la régler de manière confiden- tielle, il est une certitude : elles devront être plus abondamment partagées, au moins aux personnes et aux institutions concernées.z
HUBERT HEULOT
toute
transparence
avec
le
N
Dominique Rocha, est le nouveau directeur du réseau Irigo depuis le
3 janvier.
40 - MOBILITÉS MAGAZINE 01 - Février 2017
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