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Opérateurs & réseaux
ENQUÊTE / Keolis Angers
Limogeages mystères
à la tête du réseau d’Angers
Keolis a débarqué en trois semaines le directeur de sa filiale d’Angers pour « préjudice important causé au groupe ». La directrice des ressources humaines d’abord écartée a quitté l’entreprise. Le groupe se refuse à donner plus d’explications. Salariés et responsables politiques locaux veulent en savoir plus.
Bernard dupré, le vice-prési- dent en charge des dépla- cements à Angers avait ren-
dez-vous la semaine du 9 janvier avec la direction générale de Keolis France. Peut-être, à cette occasion en a-t-il appris davantage sur les raisons du brusque licenciement de Christophe reineri, le directeur unanimement apprécié jusqu’ici d’irigo, le réseau de transport ur- bain. « Nous avons demandé des précisions. Nous voulons avoir la certitude que les faits reprochés à Christophe Reineri n’impactent pas la collectivité. Mais si, quelque part, nous sommes concernés, si des mouvements financiers ont affecté la délégation de service public en cours, nous nous porterons partie civile. Pour le moment, Christophe Reineri bénéficie naturellement d’une présomption d’innocence. Et jusqu’ici, un très haut niveau de confiance professionnelle était là. Tout le monde a été surpris et per- sonne ne sait, ici, ce qui s’est passé. Nous nous attendons à avoir des éclaircissements dans les jours qui viennent », s’impatientait encore Bernard dupré, le 4 janvier. en contradiction avec ce que Keolis déclarait le lendemain : « Le Groupe estime que l’affaire est close à ce
stade. Les personnes concernées ont été informées de la situation en temps voulu. Il ne fera donc au- cun commentaire de plus qu’il n’en a déjà été fait sur le sujet ». Ce choix du silence, Keolis s’y tient depuis l’annonce du départ de son directeur, début décembre. Le com- muniqué of ciel précise alors : « Compte tenu du dépôt de plainte en cours, le Groupe ne communi- quera pas sur la nature précise des fautes évoquées ». dépôt qu’il n’a donc pas con rmé depuis. Mais que Christophe reineri lui-même semble, mais semble seulement, con rmer, le 3 janvier dernier : « Aujourd’hui, le contentieux qui m’oppose au groupe Keolis est de droit privé ». Sans plus de préci- sions, sinon qu’il « ne souhaite donc pas intervenir dans l’espace public ».
Un départ brutal
Seul, le renvoi de Christophe reineri est pour le moment avéré. dans des conditions surprenantes. Pas seulement parce que « Keolis n’est pas une boîte qui vire », comme le rappelle un ex-cadre dans l’entre- prise. et parce qu’au licenciement du directeur pour faute grave, s’ajoute celui, concomitant, de la
directrice des ressources humaines. d’abord mutée dans une autre fi- liale, elle a ensuite été licenciée. La nouvelle n’a transpiré auprès des salariés qu’à la prise de fontion de son nouveau directeur, domi- nique rocha, arrivé de Normandie, le 3 janvier. Qui a affirmé, lors de sa première rencontre avec les syndicats, qu’elle avait quitté Keolis de son plein gré. Qu’elle voulait déjà partir au mois d’octobre. Que venant du secteur du textile, elle s’était rendu compte que le « trans- port n’était pas son truc ». Que son départ n’avait rien à voir avec les faits reprochés à Christophe reineri. Les circonstances et la rapidité - certains disent la brutalité - du départ de ce dernier interloquent aussi beaucoup de gens dans le milieu du transport public. Le 9 novembre, deux huissiers se pré-
N Bernard Dupré, le vice-président en charge des déplacements à Angers.
38 - MOBILITÉS MAGAZINE 01 - Février 2017
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