Page 38 - MOBILITES MAGAZINE N°01
P. 38

                 Opérateurs & réseaux
 ENQUÊTE / Keolis Angers
Limogeages mystères
à la tête du réseau d’Angers 
Keolis a débarqué en trois semaines le directeur de sa filiale d’Angers pour « préjudice important causé au groupe ». La directrice des ressources humaines d’abord écartée a quitté l’entreprise. Le groupe se refuse à donner plus d’explications. Salariés et responsables politiques locaux veulent en savoir plus.
 Bernard dupré, le vice-prési- dent  en  charge  des  dépla- cements à Angers avait ren-
dez-vous la semaine du 9 janvier avec la direction générale de Keolis France. Peut-être, à cette occasion en  a-t-il  appris  davantage  sur  les raisons  du  brusque  licenciement de Christophe reineri, le directeur unanimement  apprécié  jusqu’ici d’irigo, le réseau de transport ur- bain.  « Nous avons demandé des précisions. Nous voulons avoir la certitude que les faits reprochés à Christophe Reineri n’impactent pas la collectivité. Mais si, quelque part, nous sommes concernés, si des mouvements financiers ont affecté la délégation de service public en cours, nous nous porterons partie civile. Pour le moment, Christophe Reineri bénéficie naturellement d’une présomption d’innocence. Et jusqu’ici, un très haut niveau de confiance professionnelle était là. Tout le monde a été surpris et per- sonne ne sait, ici, ce qui s’est passé. Nous nous attendons à avoir des éclaircissements dans les jours qui viennent », s’impatientait  encore Bernard  dupré,  le  4  janvier.  en contradiction  avec  ce  que  Keolis déclarait le lendemain : « Le Groupe estime que l’affaire est close à ce
stade. Les personnes concernées ont été informées de la situation en temps voulu. Il ne fera donc au- cun commentaire de plus qu’il n’en a déjà été fait sur le sujet ». Ce choix  du  silence,  Keolis  s’y  tient depuis l’annonce du départ de son directeur, début décembre. Le com- muniqué  of ciel  précise  alors  : « Compte tenu du dépôt de plainte en cours, le Groupe ne communi- quera pas sur la nature précise des fautes évoquées ». dépôt qu’il n’a donc  pas  con rmé  depuis.  Mais que  Christophe  reineri  lui-même semble,  mais  semble  seulement, con rmer,  le  3  janvier  dernier  : « Aujourd’hui, le contentieux qui m’oppose au groupe Keolis est de droit privé ». Sans  plus  de  préci- sions,  sinon  qu’il  « ne souhaite donc pas intervenir dans l’espace public ».
Un départ brutal
Seul, le renvoi de Christophe reineri est  pour  le  moment  avéré.  dans des  conditions  surprenantes.  Pas seulement parce que « Keolis n’est pas une boîte qui vire », comme le rappelle un ex-cadre dans l’entre- prise. et parce qu’au licenciement du  directeur  pour  faute  grave, s’ajoute  celui,  concomitant,  de  la
directrice des ressources humaines. d’abord mutée dans une autre fi- liale,  elle  a  ensuite  été  licenciée. La  nouvelle  n’a  transpiré  auprès des salariés qu’à la prise de fontion de  son  nouveau  directeur,  domi- nique rocha, arrivé de Normandie, le 3 janvier. Qui a affirmé, lors de sa  première  rencontre  avec  les syndicats, qu’elle avait quitté Keolis de  son  plein  gré.  Qu’elle  voulait déjà partir au mois d’octobre. Que venant  du  secteur  du  textile,  elle s’était rendu compte que le « trans- port n’était pas son truc ». Que son départ n’avait rien à voir avec les faits reprochés à Christophe reineri.  Les  circonstances  et  la  rapidité  -  certains  disent  la  brutalité  -  du départ de ce dernier interloquent aussi  beaucoup  de  gens  dans  le milieu  du  transport  public.  Le  9 novembre, deux huissiers se pré-
  N Bernard Dupré, le vice-président en charge des déplacements à Angers.
 38 - MOBILITÉS MAGAZINE 01 - Février 2017
    ©dr
©dr




















































































   36   37   38   39   40